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Décès d’un travailleur frappé par un train: La CSST blâme sévèrement la compagnie Roberval-Saguenay

Le 06 décembre 2012 — Modifié à 00 h 00 min le 06 décembre 2012
Par Karine Desrosiers

Selon la Commission de la santé et de sécurité du travail, l’absence d’une méthode de travail spécifique au déneigement et le manque de planification ont laissé place à l’improvisation le 29 janvier dernier, à la gare de triage du Roberval-Saguenay, à Saint-Bruno, au moment ou Robin Turgeon, un travailleur de la compagnie, avait perdu la vie alors qu’il déneigeait un aiguillage. C’est notamment l’une des causes déterminées par l’enquête de la CSST en rapport avec cet accident. La CSST considère que l’employeur, la Compagnie de chemin de fer Roberval-Saguenay, a agi de manière à compromettre la santé et la sécurité des travailleurs et exige donc une méthode de travail sécuritaire pour le déneigement.

On se rappellera que ce drame avait rehaussé d’un cran la tension dans le conflit opposant la direction de l’Usine Alma de Rio Tinto Alcan et le Syndicat des travailleurs de l’aluminium d’Alma qui en étaient alors à leur premier mois de lockout. Notamment, le Syndicat dénonçait la direction de RTA de forcer ses travailleurs syndiqués du Roberval-Saguenay de continuer à approvisionner son Usine Alma dont on avait conservé une salle de cuve en opération pendant le conflit.

Rapport d’enquête

La CSST a rendu publiques ce matin les conclusions de son enquête et rappelle aux employeurs leur obligation de s’assurer que l’organisation du travail ainsi que les équipements, les méthodes et les techniques pour l’accomplir sont sécuritaires. Pour ce faire, il est essentiel de bien identifier les risques liés aux tâches et de veiller à l’application de la réglementation et des procédures en vigueur.

Rappelons qu’entre 2007 et 2011, au Québec, 30 travailleurs ont perdu la vie après avoir été frappés par un véhicule ou un objet mobile.

Le jour de l’accident, une équipe de six travailleurs procèdait au déneigement de la gare de triage. Les wagons devaient être déplacés afin de dégager les voies. Au moment de l’accident, sans savoir qu’un train se dirige vers lui, Robin Turgeon déneigeait alors un aiguillage à l’aide d’une lance à jet d’air reliée au compresseur de son camion de service. Il se trouvait sur la voie, sans moyens de communication et aucun signaleur ne l’accompagne.

De plus, en raison de l’orientation du vent, il faisait vraisemblablement dos au train qui approchait. De leur côté, depuis leur position, le chef de train et le mécanicien de locomotive ne pouvaient apercevoir le déneigeur et ignoraient qu’il se trouvait sur la voie. Le train a alors frappé mortellement Robin Turgeon.

Mieux identifier les dangers

L’enquête a permis à la CSST de déterminer trois causes pour expliquer cet accident. D’abord, le train se déplaçait vers le déneigeur: comme l’équipe de train ne savait pas que le déneigeur se trouvait sur la voie et que le déneigeur n’a pas perçu son arrivée en raison de sa position et du bruit ambiant, la collision s’est produite.

Ensuite, la méthode de travail improvisée exposait le déneigeur à un contact avec le train en mouvement. Des lacunes dans la formation et l’interprétation de ce que prévoit le Manuel d’exploitation ferroviaire, notamment en ce qui a trait à la présence d’un signaleur et à la désignation d’un contremaître, ont amené les travailleurs à improviser l’organisation du travail.

Enfin, l’inefficacité de la gestion de la santé et de la sécurité du travail a compromis la sécurité du déneigeur, car les moyens utilisés par l’employeur pour contrôler le travail de l’équipe ne lui permettaient pas de s’assurer de l’application des mesures de prévention requises.

À la suite de l’accident, la CSST a exigé de l’employeur qu’il élabore une méthode de travail spécifique pour les travaux de déneigement et qu’il s’assure de l’application de cette méthode. Il doit également former ses travailleurs et prévoir des rappels de formation.

La CSST considère que l’employeur, la Compagnie de chemin de fer Roberval-Saguenay, a agi de manière à compromettre la santé et la sécurité des travailleurs. En conséquence, un constat d’infraction lui a été délivré. Pour ce type d’infractions le montant de l’amende varie de 15 420 $ à 60 680 $ pour une première offense, ou de 30 840 $ à 154 200 $ en cas de récidive.

Tous les milieux de travail, les petits comme les grands, doivent être sécuritaires. Tout le temps.

Chaque jour au Québec, 240 personnes se blessent en travaillant. Pourtant, les accidents du travail et les maladies professionnelles peuvent être évités par une gestion permanente de la santé et de la sécurité. Pour ce faire, l’employeur et les travailleurs doivent faire équipe et participer à l’identification des dangers, à leur élimination et à leur contrôle. Parce que le Québec a besoin de tous ses travailleurs.

Le rapport d’enquête de l’accident est disponible dans le site Web de la CSST :

www.centredoc.csst.qc.ca/pdf/ed003944.pdf

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