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Eaux usées : 12 municipalités continuent les déversements en nature

Le 04 décembre 2020 — Modifié à 15 h 59 min le 04 décembre 2020
Par Julien B. Gauthier

Pas moins de douze municipalités de la région n’ont toujours pas les installations exigées par le ministère des Affaires municipales et de l’Habitation (MAMH) et continuent de déverser leurs eaux usées dans les différents cours d’eau.

Le Règlement sur les ouvrages municipaux d’assainissement des eaux usées (ROMAEU) adopté en janvier 2014 prévoit que les municipalités doivent au plus tard, le 31 décembre 2020, se munir d’une station d’épuration.

Ces douze municipalités sont : Labrecque, Saint-André, Notre-Dame-de-Lorette, Saint-Edmond, Saint-Eugène, Saint-Ludger-de-Milot, Sainte-Monique, le secteur de Sainte-Elizabeth-de-Proulx, Sainte-Rose-du-Nord, L’Anse-Saint-Jean, Saint-Fulgence et Saint-Charles-de-Bourget. Il est à noter que ces trois dernières possèdent un dégrilleur qui permet la rétention d’une partie des matières solides avant le rejet.

Délais trop courts

Plusieurs municipalités ne pourront toutefois pas implanter ces infrastructures avant 2022. C’est notamment le cas de Sainte-Monique, Saint-André et Notre-Dame-de-Lorette. Le maire de Saint-André, Gérald Duchesne déplore pour sa part la lenteur des ministères dans ce dossier.

« C’est impossible, il faut oublier ça. C’est dans un mois. Il y’a eu des mésententes entre les ministères et notre firme d’ingénieur et ça a retardé les contrats. On n’a rien d’entrepris. Ça avance à pas de tortue. Ça fait depuis mon arrivée à la mairie il y a trois ans que je travaille là-dessus. Si ça avait été juste de moi, je l’aurais fait dès le début », soutient-il.

Laxisme

De son côté, le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) assure que des délais avaient été prévus dès l’entrée en vigueur du règlement.

« L’implantation d’une station d’épuration est un projet d’envergure dont la réalisation peut prendre plusieurs années. Ceci est d’autant plus vrai pour une très petite ou petite municipalité n’ayant pas nécessairement toutes les ressources pour mener à terme un tel projet d’infrastructure. Le Ministère accompagnera plus étroitement ces dernières afin de les soutenir dans l’atteinte des normes règlementaires », explique la porte-parole régionale Sophie Gauthier.

Quant à la Fondation Rivières, qui vise à la préservation et la mise en valeur des rivières, elle accuse les différents ministères de « laxisme » pour ce qui est de l’accompagnement des municipalités dans ce processus.

« Ce délai d'environ 6 ans aurait été amplement suffisant pour permettre la construction de ces stations d'épuration. Encore une fois, le laxisme du MELCC et l’absence d’accompagnement et la bureaucratie du MAMH font en sorte que les retards se multiplient », déplore Alain Saladzius, président de la Fondation Rivières.

Des coûts exorbitants

Le maire de Saint-André-du-Lac-Saint-Jean, Gérald Duchesne, travaille sur ce dossier depuis trois ans. Plusieurs mésententes avec la firme d’ingénierie et les ministères sont venues ralentir le processus. (Photo : Archives)

Bien que subventionnable à 95 %, la mise en place des infrastructures pour le traitement des eaux usées s’avère un véritable casse-tête pour plusieurs municipalités. Les études, l’entretien et l’achat de terrains pour la mise en place du système doivent être défrayés à même les budgets municipaux.

À Notre-Dame-de-Lorette, si la majeure partie des résidences sont munies d’une fosse sceptique, la municipalité doit se prévaloir d’une usine d’épuration pour seulement 20 résidences.

« Une usine d’épuration à 1,7 M$ pour seulement 20 maisons, c’est énorme. Le gouvernement nous aide à 95 %, mais ce qui nous fait sourciller, c’est l’entretien qui n’est pas admissible : l’électricité, les produits, les vérifications quotidiennes. Ça risque de coûter 30 000 $ par année sur un budget d’environ 950 000 $. Ce sont les citoyens qui vont devoir payer ça », déplore le maire de Notre-Dame-de-Lorette, Daniel Tremblay.

Trouver un terrain pour la future station d’épuration représente également un défi de taille pour la petite municipalité de 200 habitants, située « sur le cran ».

À Sainte-Rose-du-Nord, l’emplacement de la future station a également créé des remous en 2019. La municipalité avait envisagé une terre agricole comme emplacement, au grand dam de plusieurs citoyens.

Avancements

À L’Anse-Saint-Jean, le projet est évalué entre 12 M$ et 14 M$ et comme les autres, il est subventionnable à 95 %. Toutefois, une charge supplémentaire annuelle d’environ 70 000 $ est à prévoir pour l’entretien de l’infrastructure. « C’est un montant approximatif », insiste le maire Lucien Martel.

« Le dossier avance bien, on est dans les dernières tractations. On a acheté une bonne partie des terrains qu’on doit acquérir, qui ne font pas partie des montants subventionnables. On a eu des retards, mais on espère d’être en mesure d’aller en appel d’offres au début de l’année 2021 », ajoute-t-il.

Enjeu

Le rejet des égouts dans la nature continue d’être un enjeu préoccupant pour la Fondation Rivières. Elle a récemment dévoilé le palmarès des 50 villes du Québec qui ont effectué le plus de déversements par nombre d’habitants en 2019.

Saguenay se trouve en deuxième position, avec 2 931 déversements, derrière Québec et devant Montréal, qui occupe la cinquième place.

Alma se trouve au 24e rang avec 635 déversements, Dolbeau-Mistassini au 34e rang avec 449 déversements, Saint-Félicien au 41e rang avec 368 déversements et Albanel au 48e rang avec 336 déversements.

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