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Fluoration de l’eau potable: « Moins on en met, mieux c’est ! »— Jean-Yves Lessard, directeur des travaux publics

Le 21 septembre 2011 — Modifié à 00 h 00 min le 21 septembre 2011
Par Karine Desrosiers

Le débat sur la fluoration de l’eau potable repart de plus belle au Québec. Pour Jean-Yves Lessard, directeur du service des Travaux publics d’Alma, ce dernier se questionne ouvertement sur cette position: « Moins on en met (de produits chimiques) mieux c’est ! », lance–t-il d’un trait sur l’utilité d’ajouter un autre produit chimique dans l’eau potable alors que seulement 1 % de toute l’eau produite est effectivement consommée par les humains.

Lors d’une rencontre à son bureau, lundi dernier, Jean-Yves Lessard n’a pas voulu s’ingérer dans le débat sur le fait qu’il soit bon ou non d’ajouter du fluor dans l’eau.

Chose certaine, ce dernier constate cependant que les jeunes qui sont principalement visés par cette mesure (voir autre texte) ont bien d’autres moyens que par l’eau potable pour aller chercher la quantité de fluor qu’ils ont besoin d’autant plus que ces mêmes jeunes représentent une infime partie des gens qui consomment l’eau potable produite par Alma.

Le directeur Lessard réagissait ainsi à l’avis déposé il y a une dizaine de jours et qui porte sur un projet soumis par le directeur national de santé publique visant à modifier le Règlement sur la qualité de l'eau potable du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) pour y inclure une norme minimale obligatoire de fluorure à 0,7 mg/l pour toutes les municipalités québécoises de 5000 habitants ou plus.

Consommation réduite

Jean-Yves Lessard est surtout conscient que moins de 55 % des gens d’Alma boivent l’eau produite par la municipalité et que cette consommation à des fins humaines représente tout au plus 1 % de l’ensemble de l’eau distribuée.

« Depuis la construction de notre usine de filtration, l’eau est excellente et sans danger. Pourtant, la vente d’eau en bouteilles est encore très forte. J’ai de la misère avec ça. Ça fait 40 ans que l’on se bat pour ne rien mettre dans l’eau potable et là, on nous oblige à mettre un produit chimique additionnel », soutient-t-il.

En vertu de l’ampleur du réseau de distribution d’eau potable de ville d’Alma, à l’usine de filtration, on ajoute du chlore, de la soude caustique et de l’alun pour s’assurer que l’eau franchira tout le réseau en parfaite condition.

« Nos techniciens sont très pointus et n’ajoutent que la stricte quantité minimale requise. Idéalement, on devrait distribuer l’eau naturelle, sans aucun ajout de produit chimique, mais on ne peut pas le faire. Mais, soyez assuré que l’on utilise le minimum de produits chimiques », lance-t-il.

Jean-Yves Lessard se demande si à long terme, le fait d’ajouter du fluor dans le processus ne viendra pas en interaction avec les autres produits chimiques utilisés.

« Je rappelle qu’à chaque fois que l’on a voulu changer le naturel, on a payé pour ça. L’histoire nous le rappelle », ajoute le directeur Lessard.

Si jamais Ville d’Alma devait se conformer à la nouvelle norme de fluoration, ce ne serait pas un problème, car l’usine de filtration construire en 1996 a été conçue pour que l’on puisse ajouter un système de dosage du fluor et de contrôle.

Quelques chiffres

Les statistiques démontrent que sur le territoire de Ville d’Alma, pour l’année 2010, l’usine de filtration a traité 5 660 575 mètres/cube d’eau qui ont ensuite été distribués dans l’ensemble du réseau.

Le débit moyen de la distribution d’eau potable est de 10 770 litres à la minute, soit une moyenne de 717 litres par habitant sur le territoire. Pour distribuer toute cette eau, il en coûte 38 cents du mètre/cube.

La fluoration pour solutionner la carie dentaire

La carie dentaire et ses conséquences constituent un problème important de santé publique pour l'ensemble de la population québécoise. En guise d'illustration, la carie dentaire affecte 42 % des enfants de la maternelle. De plus, les enfants québécois ont 40 % plus de caries que ceux de l'Ontario et des États-Unis. Au Québec, ces problèmes se traduisent par des dépenses de plus de 2 milliards de dollars.

La fluoration de l'eau potable est présentée dans la littérature comme l'un des moyens les plus sécuritaires, efficaces, économiques et justes de réduire la carie dentaire. Entre autres, elle a un impact plus significatif chez les populations défavorisées et, ainsi, contribue à réduire les inégalités de santé. Les effets négatifs de la fluoration sur la santé et l'environnement ne sont pas assez importants pour en contrecarrer les bénéfices.

Selon le directeur national de santé publique, il demeure que la fluoration de l'eau d'une population desservie par un réseau d'aqueduc se fera contre la volonté d'une partie de celle-ci. Contraindre des personnes à vivre une vie en santé contre leur gré n'est certes pas un geste banal. Il convient donc d'explorer des manières d'atténuer les conséquences d'une telle mesure sur la liberté de choix des personnes.

En conclusion, il apparaît au Comité d'éthique de santé publique que les bénéfices de la fluoration sont plus importants que ses potentiels effets négatifs sur la santé et l'environnement et qu'ils justifient l'accroc à la liberté de choix des personnes qui ne souhaitent pas voir leur eau fluorée.

Des manières d'atténuer ces conséquences négatives auprès des populations visées sont présentées, notamment l'information, la consultation et la participation de la population au processus menant à la modification de la réglementation sur la qualité de l'eau potable.

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