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Le verdict ayant été rendu dans l'affaire Richard Henry Bain choque et surprend

Le 24 août 2016 — Modifié à 00 h 00 min le 24 août 2016
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MONTRÉAL — Le verdict venant d'être rendu dans l'affaire Richard Henry Bain provoque une certaine stupéfaction.

Ce sexagénaire a été reconnu coupable de meurtre non prémédité et de tentatives de meurtre, mardi en fin de journée, relativement à l'attentat perpétré au Métropolis, à Montréal, au terme de la soirée électorale du 4 septembre 2012.

Lorsqu'il a été informé de la nouvelle, le comédien et metteur en scène Yves Desgagnés est demeuré, de son propre aveu, «bouche bée».

Livrant ses impressions à La Presse canadienne après avoir repris ses esprits, M. Desgagnés, qui était présent au Métropolis à titre d'animateur du rassemblement du Parti québécois, a qualifié le verdict «d'inimaginable».

Dans un même souffle, il s'est lancé dans une courte énumération avant de poser une question qui reste, à son avis, sans réponse.

«Le gars a fait le tour du Métropolis. Il avait un arsenal suffisant pour tuer de nombreuses personnes. Il a mis délibérément le feu (...). Qu'est-ce que ça prend pour que ce soit considéré comme prémédité?», a-t-il demandé, visiblement dépité.

Après avoir soulevé cette interrogation, Yves Desgagnés a ajouté que si Richard Henry Bain avait été déclaré non criminellement responsable pour cause de troubles mentaux, son indignation aurait été encore plus grande.

Il a soutenu, mi-figue, mi-raisin, que dans une pareille éventualité, il serait carrément «descendu dans la rue» pour protester.

Bien que sa réaction n'ait pas été aussi vive que celle de M. Desgagnés, l'avocat criminaliste Walid Hijazi a tout de même été passablement étonné par la tournure des événements.

«Spontanément, j'ai été surpris. Je pensais que ça se jouait entre le meurtre avec préméditation et la non-responsabilité criminelle pour cause de troubles mentaux», a-t-il reconnu alors qu'il était interviewé par La Presse canadienne.

Me Hijazi a enchaîné en soulignant que les motivations du jury demeureront un mystère vu la façon dont notre système judiciaire fonctionne.

«Le processus des délibérations est secret. Il sera impossible de connaître les raisons spécifiques qui l'ont poussé à conclure comme il l'a fait», a-t-il mentionné.

Walid Hijazi a précisé que maintenant que le verdict a été rendu et que les jurés ont été remerciés, un autre acteur va reprendre l'avant de la scène.

«La détermination de la peine appartiendra au juge (Guy Cournoyer). À partir de maintenant, la prochaine étape pour lui sera de décider de la période d'inadmissibilité à la liberté conditionnelle. Le minimum possible est de dix ans tandis que le maximum (envisageable) est de 25», a-t-il résumé.

Me Hijazi a spécifié que pour obtenir la peine la plus sévère possible, la Couronne fera valoir qu'il «s'agissait d'un crime grave», d'«une attaque à la démocratie» et qui «si l'arme ne s'était pas enrayée, il y aurait véritablement eu un carnage».

Selon lui, la défense s'efforcera, quant à elle, de convaincre le magistrat que Richard Henry Bain «était essentiellement sans histoire» avant la soirée fatidique et qu'à ce moment, il présentait déjà des antécédents démontrant ses sérieux problèmes de santé mentale.

Aux yeux de Walid Hijazi, la tâche du juge promet d'être un véritable casse-tête étant donné qu'«il y a des arguments solides» de part et d'autre.

Quant au scénario de l'appel, Me Hijazi ne va pas jusqu'à l'écarter totalement mais il le décrit comme étant hautement «improbable» et ce, pour deux motifs principaux.

«(D'un côté), la défense se réjouit du verdict car ça donne la chance à Richard Henry Bain de sortir des murs de la prison un jour (...). (De l'autre), il est toujours difficile pour la Couronne de faire renverser le verdict unanime d'un jury», a-t-il conclu.

La Presse Canadienne

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