SOLIDARITÉ. La situation des 20 résidents handicapés physiques de la Maison Jean-Eudes-Bergeron touche La population au plus haut point. Plus d’une centaine de personnes ont participé à la marche de protestation contre la fermeture de cet établissement prévu pour le 1er juillet prochain, si aucune solution n’est trouvée d’ici cette date.
Gino Lebel, un résident de la Maison qui a juré qu’on « le sortirait de force de son milieu de vie », en avait les larmes aux yeux de voir autant de gens crier « So, So, So Solidarité ! » en guise d’appui à une cause que la totalité des gens trouve injuste.
Ces résidents qui avaient mis toute leur confiance dans ce projet de ressource intermédiaire en déficience physique se retrouveront à la rue en juillet prochain. La raison: un sous-financement par le ministère de la Santé et des services sociaux pour assurer les soins de base aux résidents et la décision du conseil d’administration de la Coopérative de services à domicile Lac-St-Jean-Est de cesser d’éponger les déficits d’opération, ce qui met notamment en péril l’ensemble des activités de la Coop.
Les plus démunis
Dans le cortège des manifestants, on retrouvait notamment les représentants de la Coop eux-mêmes avec à leur tête le président Gilles Bergeron qui tenait à être présent en guise de solidarité envers leurs clients qu’ils devront abandonner.
On retrouvait aussi des membres du conseil municipal de Ville d’Alma, de même que le représentant du député Alexandre Cloutier.
« Je tiens à vous féliciter pour la prise en main dont vous faites preuve en rapport avec ce dossier. Nous vous avons aidé à la bâtir en faisant des abolitions de taxes pour mettre l’épaule à la roue, car c’est un service nécessaire. Quand on touche les plus démunis de notre société, une société ne mérite pas de se faire appeler civilisée », a lancé dans un premier temps le maire Marc Asselin.
Et de poursuivre: « J’ai été déçu tout comme vous. Au niveau politique, ce n’est pas facile, car les responsabilités d’une ville sont quand même limitées, mais on a quand même un certain poids politique que l’on va utiliser pour essayer de ramener les choses et faire comprendre les choses à ceux qui nous gèrent et qu’il peut y avoir besoin d’ajustement de budgets. Mais de s’en prendre aux plus démunis de notre société, ça ne passe pas et vous en faites la preuve. On va travailler à appuyer la démarche pour que ce service-là reprenne la place qu’il avait dans la ville », a promis le maire Asselin.
« Merci tout le monde de vous être présentés en si grand nombre. Pour nous, ça représente tout ! On doit sauver la maison, que le gouvernement entende et nous vienne en aide, car nous autres, on veut garder notre chez-nous. S’il le faut, je vais rester jusqu’au bout et ils vont me sortir de force s’il le faut, mais je ne bougerai pas de ma maison, le gouvernement ne me sortira pas de ma maison », a lancé avec émotion Gino Lebel, résident et instigateur de cette marche.
Besoins réels
Le président de la Coop, Gilles Bergeron a tenu à remercier personnellement le maire Marc Asselin pour son appui dans le dossier.
« Le cœur est encore là et l’intérêt aussi. On l’a réaffirmé au conseil d’administration mercredi soir, l’intention et la volonté du conseil de continuer, sauf que l’on ne veut pas continuer n’importe comment. On veut donner du bon service et répondre aux besoins de ces résidents-là. On ne peut pas non plus pénaliser la coopérative et demander à la coop de payer le déficit créé par la ressource, ça, on ne peut pas faire ça. C’est là la limite de la Coop. On ne veut pas faire de profit avec ça, on veut juste rejoindre l’équilibre », insiste Gilles Bergeron.
La date butoir est le 1er juillet. Advenant un changement dans la politique de financement du gouvernement, la Coop est disposée à regarder le tout.
« Si le ministère ajoutait demain matin quelque 280 000 $, il n’y a pas de problème, on continue. Sur quatre éléments, il n’y en a seulement un qui est déficitaire, mais il est important, c’est celui des services aux bénéficiaires. La gestion est assurée, l’administration est assurée, la bâtisse est assurée, mais le quatrième volet, c’est le service sur le plancher. Si on donnait aux résidents ce que l’on reçoit comme financement, on leur donnerait 16 000 heures; mais on en donne 25 000 heures et ce n’est pas assez, car c’est 30 000 heures qu’il faudrait. On reçoit 900 000 $ pour l’ensemble et on aurait besoin de 1,2 million $ pour rejoindre l’équilibre et donner des services adéquats », de conclure Gilles Bergeron.