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Les trois MRC vont construire le consensus social

Le 16 janvier 2015 — Modifié à 00 h 00 min le 16 janvier 2015
Par Karine Desrosiers

PARTENARIAT. Les trois MRC du Lac-St-Jean ont dévoilé ce matin, en conférence de presse, leur position quant à la création d'un Comité des parties prenantes afin de construire un consensus social autour d’un mode de gestion durable du lac Saint-Jean fondé sur un meilleur équilibre entre les enjeux sociaux, économiques et environnementaux.

Les préfets André Paradis de la MRC de Lac-Saint-Jean-Est, Gérard Savard de la MRC du Domaine-du-Roy et Jean-Pierre Boivin de la MRC de Maria-Chapdelaine, ont ainsi longuement discouru sur le rôle que les MRC entendent jouer dans le dossier de la gestion durable du lac Saint-Jean.

Ce n'est pas une déclaration de guerre ouverte avec Rio Tinto Alcan mais bien une position qui va en relation directe avec le document remis cet automne, lors des consultations citoyennes tenues par RTA afin d’alimenter et d’orienter le contenu de l’étude d’impact.

« Nous, ce que l'on va présenter au BAPE, c'est une position régionale. Le lac Saint-Jean n'appartient plus à RTA. Il faut définir si c'est un lac ou un réservoir: les gens autour l'utilisent comme un lac et Rio Tinto l'utilise comme un réservoir. On veut bien que eux l'utilisent comme réservoir mais on a une pression aujourd'hui que l'on avait pas auparavant et les utilisateurs nous disent qu'il faut se parler. Rio Tinto leur parle, nous on leur parle et on va se faire un consensus régional », résume Jean-Pierre Boivin.

Le Comité de suivi sur la gestion durable du lac Saint-Jean mis sur pied par les trois MRC avait participé activement à chacune des quatre séances publiques de consultations citoyennes pour y signifier clairement ses préoccupations relativement au Programme de stabilisation des berges du lac Saint-Jean.

Cette façon de faire est majeure car le Comité remet en cause « la légitimité de RTA à procéder aux arbitrages entre les intérêts économiques, sociaux et environnementaux associés à la gestion du lac Saint-Jean. »

« Le Comité de suivi de la gestion durable du lac Saint-Jean entend jouer un rôle très actif dans ce dossier et faire preuve de leadership dans la recherche de consensus appuyés sur les principes de développement durable afin de les porter aux instances décisionnelles et gouvernementales », explique André Paradis, préfet de la MRC de Lac-Saint-Jean-Est.

Les trois MRC du Lac-Saint-Jean entendent mettre le mode de gestion durable du lac Saint-Jean au coeur de leur réflexion et leur action en vue de la reconduction du programme de stabilisation des berges du lac Saint-Jean.

Position

« Le Comité est d’avis qu’une gestion durable du lac Saint-Jean» implique de revoir les bases sur lesquelles sera fondé le nécessaire équilibre entre les enjeux sociaux, économiques et environnementaux », ajoute André Paradis.

Ces nouveaux fondements retenus par le Comité de gestion durable du lac Saint-Jean sont:

— Considérer l’eau comme une ressource collective dans une perspective nettement plus égalitaire des différents usages de manière à ce que les intérêts soient au total plus équitablement considérés;

— Adopter de nouvelles règles de gouvernance de la gestion durable du lac qui associent les parties prenantes dans un exercice indépendant, impartial et inclusif;

— Minimiser l’emploi de mesures artificielles de stabilisation des berges et prioriser la naturalisation en contrant l’érosion à la source puisqu’elle est due en grande partie à l’élévation et au maintien régulier des eaux du lac à des niveaux élevés.

Déjà, le Comité a adressé et obtenu du ministre de l’Environnement, David Heurtel, une bonification de la directive de l’étude d’impact à l’effet que cette dernière analysera des variantes selon différents scénarios d’opération du réservoir à des cotes allant de 14 pieds à 16.5 pieds considérant que le mode de gestion du niveau des eaux du lac Saint-Jean était, et demeure toujours à ce jour, un élément de problématique indissociable du Programme de stabilisation des berges du lac Saint-Jean».

Le Comité souhaite également que RTA bonifie son étude d’impact en ajoutant certaines études complémentaires à l’étude d’impact ou bonifie celles en cours sur certains éléments et ce, à l’instar des commentaires émis lors des consultations citoyennes:

— Réaliser un bilan des travaux effectués au cours des trois derniers décrets;

— Quantifier les impacts économiques des différents usages du lac selon les différents scénarios d’opération du réservoir;

— Contribuer à faire la lumière sur les droits, devoirs et pouvoirs de RTA et des riverains;

— Élargir la zone d’étude pour inclure tous les secteurs, publics ou privés, sensibles au niveau du lac Saint-Jean;

— Rechercher les meilleures pratiques à travers le monde relatives à la gestion d’un réservoir et la stabilisation de berges;

— Actualiser les connaissances halieutiques du bassin du lac Saint-Jean;

— Approfondir les connaissances sur la variabilité de niveau du lac selon les événements météorologiques en y intégrant notamment les impacts des changements climatiques.

Principes

Le Comité de suivi va s'élargir pour inclure les parties prenantes du projet pour la recherche d’un mode de gestion durable du lac Saint-Jean et ce, dans une approche collaborative et appuyée sur les trois principes, soit la transparence, une saine distance mais collaborative entre RTA et le Comité et le partage d’informations

Par ailleurs, des analyses complémentaires et des avis d’experts indépendants seront éventuellement commandés afin d’éclairer le débat et permettre un arbitrage adéquat.

À cet effet, les trois MRC ont voté un budget commun de 100 000 $ pour supporter le comité dans sa démarche.

« Le lac Saint-Jean a une dimension identitaire fortement ancrée dans le milieu et ce phénomène explique en grande partie l’engagement des élus municipaux dans ce dossier », de conclure André Paradis

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