DÉNONCIATIONS. Le Bureau d’audiences publiques en environnement a terminé son travail à Alma mercredi soir. En cette deuxième journée de présentation des mémoires, les représentants de Rio Tinto Aluminium ont été directement confrontés, en images, aux problèmes reliés à l’érosion des berges et au ras-le-bol des citoyens qui dénoncent les droits abusifs dont jouit la compagnie.
Après la présentation d’une trentaine de mémoires, le président de la commission d’enquête, Michel Germain, a mis fin aux travaux à Alma en remerciant les participants pour leur ouverture et leur discipline. Normalement, la commission devrait remettre son rapport et ses recommandations au ministre le 7 septembre prochain et ce dernier aura alors 15 jours pour le rendre public.
La problématique en images
« S’il y a un programme de stabilisation proposé, c’est qu’il y a une problématique d’érosion… j’imagine. Dans l’étude d’impact déposé par le promoteur Rio Tinto Aluminium, il n’y a aucune photo d’érosion !!! La photo sur la page couverture du document aurait dû être une photo d’érosion… pour bien identifier la problématique. C’est tout le contraire que nous présente le promoteur. Donc, pour le bénéfice de la commission et de la population en générale, je vous présente en images la problématique de l’érosion. Si une image vaut 1000 mots, alors, vous avez entre les mains, Messieurs les membres de la commission, un mémoire de 50 000 mots », a lancé Jean Paradis, ex-directeur du Collège d’Alma, fondateur de Négawatts Production et ex-président du Comité de sauvegarde de la rivière Ashuapmushuan.
Pendant de longues minutes qui ont créé un profond silence dans la salle, Jean Paradis a présenté une cinquantaine de photos illustrant des dommages tout aussi importants les uns que les autres provoqués par les problèmes d’érosion autour du lac.
D’ailleurs, cette technique des photos ou encore plus percutante, des vidéos comme celui présenté par le citoyen Éric Scullion sur la destruction de l’Île Boulianne, ont eu leur effet sur les commissaires et le public.
L’impact fut tout aussi grand quand les représentants de la Plage Robertson sont venus présenter en images l’état de la situation de leur camping suite aux événements de mai dernier où le lac a atteint près de 18 pieds. Des pertes magistrales de secteurs de plage, la destruction de zone de camping et des pertes financières envisagées de près de 50 000 $ uniquement en raison de ces événements.
Des appuis… mais
Le Programme de stabilisation des berges du lac Saint-Jean 2017-2026 reçoit en général l’appui des groupes et personnes, mais les demandes sont nombreuses pour en apporter des modifications.
Notamment, les représentants de RTA ont accueilli comme un baume l’appui indéfectible de la Corporation des camionneurs en vrac de la région 02 pour qui, le transport de pierres, de sable et de gravier représente une manne pour ses quelque 350 membres à l’automne et en hiver, au moment où la majorité des travaux de stabilisation sont réalisés.
Il en est de même pour la Chambre de commerce et d’industrie de Lac-St-Jean-Est qui voit d’un bon œil le programme et l’entente de gestion du niveau du lac qui devraient bien desservir ses 550 membres.
Du côté de la Pointe Wilson, tous les intervenants souhaitent que RTA puisse les aider à conserver la qualité de leur plage, mais en utilisant exactement le même type de matériaux que l’on retrouve à l’origine.
La Corporation LACtivité Pêche Lac-St-Jean a pour sa part fait ressortir l’importance de la pêche avec quelque 25 000 pêcheurs à chaque année et des retombées économiques de 11,5 M $.
Notamment, la CLAP propose une série de recommandations pour éviter que les travaux de stabilisation ne viennent détruire davantage les zones de reproduction de certaines espèces et que les niveaux d’eau favorisent la régénération pour d’autres espèces.
Quant à la grande majorité des intervenants, ils demandent un éclaircissement des droits dont jouit RTA depuis 1922 et un ajustement de ces mêmes règlements aux conditions d’aujourd’hui.
Du même coup, les intervenants réclament de la souplesse dans l’application du décret en fonction des éléments climatiques ou conditions particulières. Tous sont unanimes pour que RTA soit imputable des dommages qu’elle cause aux berges du lac Saint-Jean en raison de son programme de gestion du niveau d’eau.
Satisfaction
« On va prendre le temps de décanter ça comme il faut et on a émettre un communiqué. On est très satisfait de l’exercice démocratique, les gens ont eu l’occasion de se prononcer et ça nous a permis d’entendre les doléances. On n’a pas encore l’inventaire de tous les mémoires qui ont été déposés et ceux qui ont été présentés. On n’a pas encore le portrait général. On va voir savant de se prononcer », s’est limité à commenter Jean-François Gauthier, directeur d’Énergie électrique