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À la suite du reportage d’Enquête sur l’orphelinat de Chicoutimi, Monique Fortin a pris la décision de sortir de son mutisme et de dénoncer l’enfer qu’elle a vécu. Elle exige que réparation soit faite de la part du gouvernement du Québec et de la communauté religieuse des Petites Franciscaines de Marie.
Monique Fortin, 76 ans d’Alma, se dit outrée par l’indemnité financière de 15 000 $ qu’elle a reçue. « C’est rire de nous autres ce petit 15 000 $, c’est pour nous faire fermer la gueule », lance-t-elle.
C’est pour cette raison qu’elle relate les sévices qu’elle a subis afin d’obtenir réparation.
Monique Fortin a résidé à l'orphelinat de l’âge de 2 mois jusqu'à 12 ans.
Elle se dit chanceuse, car une fois par année, les frères de sa mère venaient la chercher pour une semaine hors de l’orphelinat. « Mais quand je revenais, c'était le calvaire, je pleurais pendant une semaine… regarde, je t'en parle et j’ai encore le cœur gros. »
Douze années de tortures, d’agressions physiques, psychologiques et sexuelles s'enchaînent sans répit.
La nourriture était infecte, mais elle devait la manger même si ça la rendait malade.
« Si on vomissait dans notre assiette, sœur Armand nous obligeait à manger quand même sinon les punitions étaient graves. »
Les sévices se faisaient généralement à l’infirmerie que les orphelins appelaient « la salle des tortures ».
Dans cette pseudo-infirmerie, Mme Fortin a subi des agressions sexuelles à répétition.
« Sœur Armand m’a rentré un cierge dans le vagin et la première fois, j’ai saigné, je n’avais que 6 ou 7 ans et ç’a continué pendant plusieurs années. »
Les moyens de punitions étaient multiples.
Elle était battue avec un bâton de bois, des ceintures de cuir et des coups de pied. Elle a été frappée aux fesses, à la tête et a eu les doigts cassés à plusieurs reprises, et ce, sans jamais recevoir les soins médicaux appropriés.
Témoins d’homicides ?
Monique Fortin aurait été même témoin d’homicides. Au dire de la dame, une amie et voisine de lit dont elle prenait soin, contre la volonté des sœurs, était dans le coma en raison de la tuberculose. Elle aurait été enroulée dans une couverture, amenée à la chaufferie du sous-sol et brûlée vivante. Cette petite fille n’a jamais été revue.
« Comme j'avais été pognée par les sœurs parce que je m’occupais de la petite fille, j’ai reçu de violents coups de pied, mais j'ai quand même suivi la soeur qui emportait le petite jusqu'à la chaufferie… je l’ai vue tirer le corps dans le feu…j’ai lâché un cri d’horreur », raconte-t-elle en pleurant.
Autre histoire horrible : vers 7-8 ans, les orphelines allaient s’occuper des bébés à la pouponnière. Elles les berçaient la nuit et les nourrissaient.
« Un petit bébé qui n’arrêtait pas de pleurer, même si je le berçais, m’a été retiré par la sœur, elle l’a tiré sur le mur et le bébé est mort. »
Parler pour se délivrer
Encore aujourd’hui, les blessures psychologiques sont encore bien présentes. Afin de se libérer de ses souffrances, Monique Fortin a décidé il y a trois ans de se confier à certaines personnes de son entourage.
À force de parler de ces horreurs, elle espère guérir et que toutes les victimes de l’orphelinat de Chicoutimi obtiennent réparation.