GESTION DU LAC. To be, or not to be ! Être, ou ne pas être, telle est la question. Le lac St-Jean, notre belle et grande mer intérieure qui accueille en ses rives quelque 5500 résidents dont plus de la moitié sont permanents, ce lac, à la fois tant aimé et tant maltraité, est-il en fait un lac ou simplement un réservoir d’eau à la solde d’une multinationale appelée Rio Tinto Alcan ?
La question pourrait aussi être: à qui appartient ce lac ? À RTA, dirons les économistes ! Aux résidents, diront les citoyens !
On attribue à tort les problèmes vécus aujourd’hui avec le lac Saint-Jean à Rio Tinto Alcan. En fait, RTA n’est que le mandataire d’un développement économique amorcé au début du 19e siècle.
C’est ce lac et cette rivière Grande-Décharge qui ont fasciné le richissime américain J.B. Duke en 1912. Il a acheté les concessions d’exploitation de la rivière Saguenay et des décharges à la sortie du lac Saint-Jean. Il fonde alors la « Québec Development Company » et, en 1914, il obtient la permission d’ériger un premier barrage (Isle-Maligne) et de rehausser les eaux du lac Saint-Jean au niveau 17.5 pieds moyennant compensation aux propriétaires riverains.
Les travaux préparatoires débutent mais cessent rapidement en 1915 en raison de la guerre. Le projet reprend en 1922 suite à l’arrivée de Sir William Price et de ses papetières qui auront besoin de l’électricité de la centrale projetée. Duke entreprend aussi des démarches pour intéresser les producteurs d’aluminium à son projet. Ce n’est cependant officiellement que le 4 juillet 1926 qu’Isle-Maligne a commencé à fournir de l’électricité à la nouvelle aluminerie Arvida.
Finalement, c’est en 1932 qu’Alcan devient propriétaire de la centrale. Isle-Maligne devenait ainsi la première centrale du réseau hydroélectrique d’Alcan qui en compte aujourd’hui six.
Et en 2007, lors de la transaction historique Alcan devenait propriété de Rio Tinto Alcan.
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Quelque 89 ans plus tard, le problème du lac Saint-Jean et son statut de réservoir hydroélectrique que l’on peut opérer à 17,5 pieds, fait partie de notre actualité.
En 89 ans, bien des choses ont changé et à l’aube de 2015, on se doit de revoir intégralement le mode de gestion du lac Saint-Jean.
SI RTA fait reposer en partie ses prétentions sur des droits acquis depuis tant d’années, les trois MRC de la région entendent « inciter » la multinationale à faire preuve de souplesse et de respect envers les quelque 5500 personnes qui vivent aujourd’hui sur ses rives.
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Personne ne veut d’une guerre entre RTA et la région; nos intérêt communs et historiques sont trop intimement liés.
Il est juste temps de tourner une nouvelle « plage ».—