LA FIN. La conjoncture économique et sociale ont eu raison de l’enthousiasme démontré par le Groupe Interaction Qui. Les deux instigateurs de cette belle folie artistique qui dure depuis plus de 35 ans, les artistes Alain Laroche et Jocelyn Maltais tournent la page et annoncent le démantèlement d'Interaction Qui.
Souvent impliqués dans des projets souvent démesurés, Alain Laroche et Jocelyn Maltais quittent avec un brin d'amertume mais avec le sentiment d'avoir laissé dans le paysage régional un sillon qui ne mourra jamais. Il y a même certaines des leurs œuvres qui sont à demi réalisés qui seront peut-être un jour reprises par d'autres artistes un peu fou comme eux. On pense ici à la Grande marche des Tacons-Sites alors que 36 des 60 tacons-sites prévus ont été mis en place au fil des ans.
L'abandon de ces projets n'est pas un échec, mais bien le constat que la conjoncture économique est de plus en plus difficile et qu'il est surtout de plus en plus difficile de concilier leur art avec les obligations d'aujourd'hui.
En conférence de presse ce matin, les deux artistes ont fait un peu le bilan de ces multiples réalisaitons.
« Au début des années 80, on a réalisé que si on ne sortait pas l'art des ateliers, il ne se passerait jamais rien. On a donc décidé de travailler dans la communauté pour mieux faire comprendre le lien entre le territoire et le patrimoine », rappelle Alain Laroche pour souligner la naissance d'Interaction Qui au début des années 80.
Ils ont transporté l'art moderne dans les rues et sur les lieux publics.
« On a longtemps été considéré beaucoup plus comme des activistes que des artistes », ajoute Jocelyn Maltais.
En quelque 35 ans de travail artistiques, ils estiment qu'ils sont allés chercher plus de 250 000 $ sous forme de subventions et un montant similaire en commandites dans le secteur privé. Leur action artistique a généré plus de 4 millions $ d'apports économiques dans le milieu.
Ces dernières années, il devenait de plus en plus difficile de ficeler les projets soit pour le financement ou convaincre les organismes en place d'apporter leur support, quand ce n'était pas un règlement qui empêchait la mise en place d'un projet à tel endroit (patrimoine, environnement, lieu historique, etc…)
Tous les deux retraités du monde de l'enseignement de l'art où ils ont fait profiter de leurs connaissances à des milliers de jeunes artistes en herbe, les deux grands de l'art communautaire se retirent.
Festif et convivial
Pour souligner à leur façon leur retrait, ils ont encore une fois trouvé une façon originale.
C’est dans le cadre des Journées de la culture qui se tiendront du 25 au 27 septembre prochain, que Interaction Qui entend se démanteler notamment dans le cadre d'une vente à l'encan.
Le vendredi 25 septembre, ce sera la visite des artefacts et des actions performatives
Le samedi 26, présentation de vidéos des actions performatives, discussion avec les artistes sur les projets réalisés pendant les 35 ans comme duo d’artistes Interaction Qui
Finalement, le 27 se tiendra un encan performance
« Notre démantèlement est une belle occasion de se souvenir et pourquoi pas de faire l’acquisition d’objets qui vous rappelleront quelques événements auxquels vous avez peut-être participé », lancent en invitation des deux artistes.
Le tout se déroulera dans les locaux de IQ L’Atelier situés dans l’édifice Paul Tremblay, derrière l'église St-Joseph à Alma.—
