Faits divers

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Prostitution: on ne la voit pas, mais... !

Le 27 juillet 2010 — Modifié à 00 h 00 min le 27 juillet 2010
Par Karine Desrosiers

Ce n'est pas parce qu'on ne la voit pas qu'elle n'existe pas. La prostitution fait également partie, au Saguenay-Lac-St-Jean, du paysage du monde criminalisé, à une échelle plus petite que Québec ou Montréal. Cependant, elle existe bel et bien.

Le 10 novembre prochain, dans le cadre du premier colloque sur la prostitution qui se déroulera à Roberval, sous l'égide du CALACS Entre elles (Centre d'aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel), on livrera le portrait régional de la prostitution.

Selon Stéphane Laroche, enquêteur à l'ERE (Escouade régionale d'enquête), basée au poste de la Sûreté du Québec de la MRC Lac-St-Jean-Est, même si la prostitution n'est pas visible et moins présente ici que dans les grands centres, elle existe tout de même.

Et, sur le même principe que la drogue, s'il y a des prostituées, c'est parce qu'il y a des clients. « On a tous en tête l'image de la fille, sur le trottoir, sur la rue St-Laurent à Montréal qui sollicite des clients. Ici dans la région, la sollicitation est faite en grande majorité via les médias comme le journal ou Internet. L'infraction se passe majoritairement dans les maisons privées des clients et les lieux comme les établissements d'hébergement, donc à l'abri des regards. Cela complique de beaucoup le travail des enquêtes », précise Stéphane Laroche.

Même si le Code criminel a été modifié à quelques reprises afin de rendre plus sévères les peines reliées à la prostitution, il n'en demeure pas moins qu'il faut faire la preuve devant le tribunal, et c'est relativement très compliqué. « Par exemple, la notion de maison de débauche est très difficile à prouver car le milieu de la prostitution évite de recourir à ce type d'endroit trop facile à repérer. Les choses se font dans le privé. Et ceux qui participent aux délits ne porteront pas plainte et ce, même s'ils se sont fait arnaquer, car ils sont impliqués et peuvent être à leur tour poursuivis pour sollicitation », ajoute Stéphane Laroche.

Généralement, quand il y a une plainte, c'est lorsqu'il s'agit une personne mineure. Souvent, ces jeunes personnes sont en situation financière difficile, en fugue et ont besoin d'aide.

L'enquêteur souligne également que ce que l'on a vu à quelques occasions dans la région, c'est la présence de représentants de gangs de rue de l'extérieur qui viennent faire du recrutement ici, séduire et attirer des jeunes qui seront ensuite pris dans un piège. « Au début, les jeunes plus fragiles et influençables se laissent aveugler par les cadeaux, la drogue et les belles promesses. Mais une fois entrés dans le jeu, c'est le recours à de l'intimidation et de la violence pour forcer la personne à se prostituer » poursuit Stéphane Laroche.

Selon les enquêteurs de l'ERE, ces derniers ont constaté que dans la région, comme un peu partout au Québec, la prostitution locale, comme la drogue, est sous l'emprise du crime organisé qui est à l'affût des sollicitations et en prenne le contrôle par le biais d'un pourcentage sur le profit.

La prostitution fait partie des activités illicites que l'ERE surveille constamment.

Notamment, ils essaient d'identifier les criminels qui agissent en tant que proxénètes et qui supervisent les prostituées. Ils vivent des fruits de la prostitution, ce qui est le crime qui peut leur être reproché, une fois la preuve faite.

Naturellement, ce n'est pas toujours facile de bâtir des preuves solides contre de tels criminels. C'est pourquoi les enquêteurs estiment que la population peut faire beaucoup en informant les corps de police via les postes de la MRC ou les lignes 1 800-GANG ou Info-crime au 1 800 711-1800, en dénonçant toute observation ou constatation (discussions ou sollicitation, groupes de discussions sur Internet, etc...).

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