Cette semaine, j’aimerais vous présenter le Yin et le Yang de notre réalité régionale en passant par notre histoire. Comme je suis de nature plutôt positive, je ne vais pas trop m’attarder sur le côté sombre de la chose, mais puisque pour présenter une dualité, nous devons parler des deux côtés de la médaille, pas le choix de l’aborder de front. Même si nous avons tendance à faire semblant que ce côté sombre n’existe pas.
L’idée ici ne sera pas de juger, mais de constater. Constater que si certains villages de notre région sont en train de sombrer dans une spirale qui les mènera tout droit à une disparition à plus ou moins brève échéance, d’autres, luttent de toutes leurs forces pour non seulement rester en vie, mais prospérer.
L’un des outils que ces villages en mode préservation utilisent? Notre histoire, rien de moins.
Mais avant, un petit tour du côté des autres…
Le Yin
Pour vous entretenir du côté un peu plus déprimant de cette chronique, j’aimerais vous présenter Isabelle (nom fictif). Isabelle est serveuse, et a la mi-vingtaine. Je ne la connaissais pas avant, et c’est en allant prendre un café à l’endroit où elle travaille que j’ai eu l’occasion de discuter avec elle. J’étais son seul client alors, pas le choix de parler avec lui!
Comme tout bon bleuet qui se respecte, et aussi par déformation professionnelle, je lui demande son nom de famille en plus de son prénom, question de passer quelques minutes à la rattacher à des gens que je connais. Ne riez pas, vous le savez que nous faisons tous cela.
Elle se présente donc. Immédiatement, son nom de famille m’indique qu’il y a de grandes possibilités pour qu’elle soit originaire d’un petit village que je connais assez bien. Un peu surprise, elle me confirme le tout. Naturellement, et comme cela faisait déjà plusieurs années que je n’étais pas allé dans ce village et qu’à l’époque ce n’était déjà pas jojo, je lui en demande des nouvelles.
Même si j’espérais le contraire, je me doutais un peu de sa réponse. Ledit village est littéralement au bord de l’implosion. Dans ses limites, il ne reste qu’un seul emploi. UN SEUL, et c’est le dépanneur. Ceux qui travaillent encore vont dans les villages et villes voisines. Pour le reste, c’est à plat.
Je vais être franc avec vous, je ne lui ai même pas demandé pourquoi elle l’avait quitté, ce village. Vous comme moi, on connait la réponse, et, comment lui en vouloir, à Isabelle, dites-moi? Il y a une limite à demander à une jeune femme de cet âge de rester là uniquement pour la cause, n’est-ce pas?
Pourtant, le village en question, il a bel et bien une histoire comme tous les autres. Il a été fondé par des colons encouragés par l’Église, comme la majorité de nos autres communautés. Il y a déjà eu une belle vie, une école, des cultivateurs, tout ! Mais aujourd’hui, il est en train de se vider de ses dernières forces vives.
Petite mise au point ici. Je ne suis pas en train de faire le procès des décideurs de ce village, pas plus que tous les autres qui pourraient s’y reconnaître. Il est bien possible qu’en ce moment, et depuis des années, ces gens luttent courageusement pour sauvegarder ce qui peut être sauvé, et que ces efforts payeront bientôt. La frontière entre le Yin et le Yang n’est pas un mur infranchissable.
Sauf que pendant ce temps…
Le Yang
Fort heureusement, des villages qui refusent de mourir et qui prennent les moyens pour ne pas que ça arrive, il y en a plusieurs. Avant de parler de l’un d’eux, j’aimerais rappeler ici quelques mots clés qui font référence au Yang : soleil, été, ciel, extraversion et actif.
Voilà, tout est dit, et bienvenu à Sainte-Monique-de-Honfleur.
L’histoire de l’occupation du territoire du futur Sainte-Monique-de-Honfleur débute à la toute fin des années 1800. À ce moment, la Société de colonisation, menée par M. Dupont de Québec, est très active. En 1900, nous sommes en plein milieu de la grande période d’immigration européenne, et tout le secteur du nord de la région accueille plusieurs centaines de ces colons étrangers chaque année, en plus de ceux du Québec et des États-Unis.
Dès 1901, Charles Lindsay y ouvre une première scierie. Cela allait donner le ton à la vocation première de ce secteur : l’exploitation forestière.

Source: site Internet de la municipalité
Le destin de Sainte-Monique-de-Honfleur a été, dans les premières années, lié intimement à celui d’un village voisin, Jeanne-d’Arc, qui lui occupait toute la Pointe-Taillon. Si vous vous rappelez, nous avons refait l’histoire de Jeanne-d’Arc l’an dernier. C’est ce village qui, malheureusement, a dû être vidé de ses occupants à la suite des grandes inondations de 1926-1928. C’est un peu avant cette période, en 1922, que le village de Sainte-Monique-de-Honfleur est officiellement fondé. Après la fermeture de Jeanne-d’Arc, Sainte-Monique héritera de la gestion de la Pointe-Taillon, en 1931.
La période de grande croissance
Sainte-Monique-de-Honfleur connaitra une poussée de croissance et d’activité au début des années 1950 avec la construction du barrage hydroélectrique Chute-à-la-Savane. Ce barrage répondait à un autre besoin de l’époque : l’ouverture de nouvelles cuves de la société Alcan.

Source: site Internet de la municipalité
Dans un petit village…
« Dans un petit village, si tu veux que quelque chose arrive, c’est toi qui dois l’organiser! ». Ce dicton convient très bien à Sainte-Monique-de-Honfleur. En effet, comme toutes les autres communautés de la région, Sainte-Monique a bien du faire face au défi de la dévitalisation de son territoire. Je ne vais pas ici faire la liste de toutes les initiatives des diverses administrations pour contrer cette réalité, mais me concentrer sur celle à saveur historique, qui est l’objet de cette chronique.
Pour les autorités du village, une petite partie de la réponse à donner afin de rester vivant passe par l’histoire, mais d’une manière très originale. J’ai nommé ici, le théâtre.
La Flotte
De nos jours, il faut beaucoup plus que l’attente d’un miracle pour maintenir un village de moins de 1000 habitants vivant et dynamique. Aussi, nous pourrions bien avoir les plus beaux projets du monde sur une planche à dessin, s’il n’y a personne pour prendre l’initiative de foncer, il ne se passera absolument rien. Saisir l’occasion, et s’impliquer, voilà la recette. Et c’est ce que des dizaines de citoyens de Sainte-Monique-de-Honfleur font.

Source: page Facebook de la municipalité
Pour une seconde année, le village accueille une pièce de théâtre à saveur historique. Cette pièce, écrite par Jimmy Doucet, fait partie de la Route des légendes, qui regroupe plusieurs autres initiatives de ce genre un peu partout dans la région.
Il y a deux semaines, je me suis déplacé à Sainte-Monique pour assister à une représentation de La Flotte . Nous étions un vendredi, 15 h, par une magnifique journée ensoleillée. Pour être franc, j’avais craint que la pièce soit annulée, faute de spectateurs. Hé bien non, tout au contraire, même, puisqu’il y avait une excellente foule.
Pour avoir déjà rencontré l’auteur des textes, Jimmy Doucet, je sais qu’il aime l’histoire de la région et ses légendes, et cela transpire dans le texte de cette pièce. Mais attention, nous sommes là avant tout pour nous amuser, pas pour recevoir un cour, et cette mission est pleinement réussie. La pièce est également participative, alors attendez-vous à bouger un peu. Mais pas de crainte à avoir, vous ne vous retrouverez pas le centre d’attraction, puisque tout se fait en groupe.
Moi je me suis bien amusé autant par le contenu que parce que le texte aborde plusieurs des thèmes abordés dans cette chronique depuis dix-huit mois. Voir ces événements traités sous un angle humoristique, parfois burlesque, le tout sous forme de théâtre d’été extérieur était très agréable, vraiment.

Source: Christian Tremblay
Vitaliser, ça passe par le vrai monde
Tout ceci nous ramène à notre idée première, à savoir que sans initiative originale, la vitalisation d’un village en cette période difficile devient très hasardeuse. Et lorsque je parle d’initiative, je ne fais pas seulement référence aux autorités de la municipalité, mais bien, également, à ses citoyens.
Utilisant un peu le même principe que la Fabuleuse histoire d’un Royaume, La Flotte compte sur un petit bataillon de bénévoles de 7 à 87 ans qui bien souvent ne se contentent pas de n’être que des figurants. Plusieurs ont des répliques en grand nombre, et pas les moins punchées!

Source: page Facebook de la municipalité
Aussi, et puisqu’il faut montrer l’exemple, j’ai rencontré la coordonnatrice des loisirs de Sainte-Monique, Mme Nathalie Vachon, tout autant au guichet d’entrée, que comme présentatrice du spectacle et animatrice lors du tirage d’un prix. Mme Annie vachon veille à la mise en scène et à la supervision de tous les bénévoles. Quant au maire de la municipalité, M. Mario Desbiens, il fait partie des bénévoles-comédiens, rien de moins.

Source: page Facebook de la municipalité
Toute cette aventure est menée par des comédiens professionnels dont le jeu est à la hauteur des attentes.
Au sortir de la pièce
Participer à garder son village vivant en passant par l’histoire et une pièce de théâtre n’est certes pas le remède à tous les maux, mais cela fait partie du processus. Au-delà de la prestation des artistes, il y a une intention de survie à long terme, et c’est cela qui est admirable.
Au final, il y a des raisons pour lesquelles Sainte-Monique-de-Honfleur, malgré les défis que nous connaissons, sait tirer son épingle du jeu.

Source: page Facebook de la municipalité
Tout ceci est un peu ironique, car à la suite de ma visite à Sainte-Monique, je repensais à Isabelle, du village dont je vous parlais au tout début. Si, au lieu de devoir me dresser le sombre portrait qu’elle m’en a fait, elle m’avait dit que dans son village, il y avait telle ou telle initiative pour attirer les gens? Si elle m’avait dit que dans son coin natal, les citoyens étaient fiers de leur communauté et travaillaient tous ensemble pour ne pas se laisser mourir?
Vraiment, en y repensant, je me disais que bien souvent, au lieu d’attendre un miracle qui n’arrivera pas, il faut s’asseoir, réfléchir, et essayer des choses jusqu’à ce que ça fonctionne.
En ce sens, je crois bien que Sainte-Monique-de-Honfleur est un exemple à suivre. Le but n’est pas d’être parfait, mais de lutter pour son histoire et son futur. Des Val-Jalbert, nous en avons un, et c’est assez.
Tant qu’à faire
Ce n’est pas le but de cette chronique, mais tant qu’à faire, juste vous mentionner que les représentations de la pièce La Flotte à Sainte-Monique se terminent le 16 août prochain. Elles sont les mercredis à 19 h et les vendredis à 15 h. Alors, si le goût vous prend de passer un très bon moment à un prix plus que raisonnable, vous amuser avec notre histoire, et au passage encourager toute une communauté qui travaille fort pour ne pas se retrouver comme le village d’Isabelle, il vous reste encore quelques occasions de le faire.
Très belle article ….et c est vrai que nous avons un beau village dynamique…merci
Article très intéressant, merci à vous, Christian
C très intéressant moi moi je vie au lac bouchette je suis marié mon conjoint il est née au lac bouchette,moi j’adores Les histoires des petits villages,merci de me faire connaître ,
il y a aussi le village de lorette en haut de st-Eugène et 2 village dans le coin st marguerite marie etc a analyser leur implantation