Même si le réseau d’aqueduc de Ville d’Alma est classé dans la catégorie « peu probable » en ce qui concerne les algues bleues, le conseil municipal ne prend aucune chance et ajoute une paire de bretelles par-dessus la ceinture avec la mise en place d’un système de traitement de désinfection de l’eau potable au permanganate de potassium, un produit qui détruit 100 % des algues bleues appelées aussi cyanobactéries.
L’usine de filtration de Ville d’Alma sera la 2e au Québec, après Saguenay, à se voir doter de cette technologie qui permet de contrer toute trace d’algues bleues dans l’eau potable. « Il ne faut pas que les gens paniquent parce que l’on parle d’algues bleues. Ce que l’on fait, c’est se doter d’un équipement additionnel de désinfection de l’eau que l’on pourrait utiliser advenant une infestation d’algues bleues dans notre réseau d’eau potable, ce qui est très peu probable. On met une paire de bretelles par-dessus la ceinture », lance d’un trait Alain Fortin, coordonnateur du service de traitement des eaux de Ville d’Alma.
Suite aux événements de 2007 où l’on avait notamment constaté la présence d’algues bleues à la surface du lac Saint-Jean et dans la Grande-Décharge où Ville d’Alma puise son eau potable, différentes mesures ont été mises en place. « Pour Alma, on a fait une analyse approfondie avec la Sécurité publique et techniquement parlant, ce serait presque impossible d’alimenter la population, les entreprises et le réseau de la santé advenant que notre usine de filtration soit condamnée. Le conseil a donc décidé d’investir quelque 130 000 $ afin de se donner une double sécurité face aux algues bleues », précise Alain Fortin.
Prise d’eau
Il faut d’abord comprendre l’organisation technique du réseau d’aqueduc de Ville d’Alma pour comprendre comment les risques d’infection aux algues bleues sont peu probables.
La prise d’eau de la municipalité est située complètement au fond de la rivière, entre la rive et l’île aux Gagnon, dans le secteur de la Dam-en-Terre. À 300 pieds du bord et à quelque 35 pieds de profond, une conduite de 48 pouces achemine l’eau potable en direction de la station de pompage.
La dimension de ce tuyau évite les turbulences. Par définition, les algues bleues se retrouvent à la surface, car elles ont besoin de beaucoup de lumière pour proliférer. « La situation stratégique de la prise d’eau au fond de la rivière nous place à l’abri. Également, de la mi-juin à octobre, tous les jours, nos opérateurs, spécialement formés pour identifier les différents types d’algues à la surface, effectuent une inspection visuelle des berges de la rivière et se rendent en embarcation au-dessus de la prise d’eau pour effectuer d’autres inspections. Et, à l’intérieur de la station de pompage, on prélève quotidiennement des échantillons d’eau qui sont analysés sur place. Advenant le moindre doute, un laboratoire scientifique va effectuer une analyse plus poussée », mentionne Alain Fortin.
Dosage
La station de pompage achemine ensuite l’eau vers l’usine de filtration. Cet équipement mis en place en 1997 a une capacité de quelque 24 000 litres à la minute.
Le débit moyen de l’usine est de 10 500 litres/minute, mais avec une période de beau temps comme on connaît depuis quelques jours, cette consommation journalière atteint quelque 14 500 l/m. Cette eau est acheminée dans un vaste réseau dont le point le plus loin est situé sur le Chemin St-François, à quelque 24 kilomètres de son point de départ. « À une concentration très précise, le permanganate de potassium détruit les algues bleues. Ce que l’on va faire, c’est de mettre en place deux équipements de dosage à l’étape de la filtration de l’eau. Si jamais, et je dis bien si jamais on se retrouve avec un problème, les opérateurs disposeront alors d’un outil performant pour éliminer les algues et ainsi assurer un approvisionnement constant en eau potable pour les citoyens de Ville d’Alma », ajoute avec fierté Alain Fortin.
Les travaux de mise en place de cet équipement de sécurité seront réalisés à l’automne et pour l’été 2010, la protection additionnelle sera en place, pour le mieux-être de tous les citoyens.