On dit souvent que la vie ne tient qu’à un fil. Pour Eddy Simard de Métabetchouan—Lac-à-la-Croix, ce fil conducteur s’est métamorphosé en une jeune pharmacienne, Joëlle Turcotte de la Pharmacie Familiprix d’Hébertville qui, le 21 septembre dernier, a posé exactement les bons gestes au bon moment pour lui sauver la vie alors qu’il était en train de mourir d’une crise de cœur, dans le stationnement du commerce. Sans son intervention de dernière seconde, Eddy Simard ne serait plus là pour raconter son histoire.
Menuisier-charpentier pour l’entreprise JMDM d’Hébertville-Station, Eddy Simard est également très bien connu pour ses talents d’artisan en ébénisterie. Depuis deux ans, il organise notamment la grande exposition à Métabetchouan—Lac-à-la-Croix.
Pour remercier celle qui lui a littéralement sauvé la vie, vendredi dernier, il lui a remis sa dernière création, un meuble de sa collection privée qu’il venait tout juste de terminer quelques jours avant les événements. « C’est drôle, mais dans la dentelle de bois qui orne la partie haute du meuble, on retrouve un cœur, comme si le destin avait fait en sorte que ce meuble soit réservé à celle qui m’a sauvé la vie. Grâce à Joëlle, je suis vivant et je vais pouvoir poursuivre ma passion, l’ébénisterie », lance avec émotion Eddy Simard.
C’est d’ailleurs le message que contenait la petite carte qui accompagnait le présent offert à son « ange protecteur ».
Crise majeure
En ce premier jour de l’automne, Eddy Simard, 47 ans, est à sa résidence du Chemin de la Montagne, dans le secteur de Lac-à-la-Croix. Depuis l’heure du midi, il ressent de violents spasmes au niveau de la poitrine. Plus le temps avance, plus les choses se détériorent avec une difficulté à respirer et un bras complètement engourdi. Vers 14 h, se sentant de plus en plus mal, redoutant une crise de cœur et surtout, très loin pour attendre l’arrivée de l’ambulance, il décide alors avec son épouse, Sylvie Potvin, de prendre l’auto pour se rendre au plus proche cabinet de médecin, soit à Hébertville. « Plus on avançait, plus ça faisait mal et rendu à la pharmacie, j’étais en pleine crise. J’ai ouvert la portière de la voiture et je me suis affaissé dans le stationnement de la pharmacie », raconte Eddy Simard. C’est alors que son épouse Sylvie est entrée en courant à la pharmacie en réclamant un médecin. Aucun n’était sur place. Cependant, la pharmacienne Joëlle Turcotte était en poste. Ne faisant ni un, ni deux, elle est passée immédiatement derrière le comptoir pour s’emparer d’une bouteille de nitro et d’aspirines, donnant l’ordre à une technicienne de la suivre avec un appareil de pression artérielle pour ensuite courir au chevet d’Eddy. « J’ai d’abord constaté qu’effectivement, il était en pleine crise de cœur. Je lui ai donné quelques coups de pompe de nitro dans la bouche et je lui ai glissé quatre aspirines sous la langue. J’ai pu maîtriser ainsi ses symptômes et au bout de quelques minutes, Eddy m’a lui-même dit qu’il se sentait bien », raconte Joëlle Turcotte. Cette dernière se souvient qu’elle n’a pas du tout paniqué face aux événements. Dans sa tête, elle revoyait sa formation en pharmacologie et tout ce qu’elle avait appris sur le volet cardiologie. « Je savais qu’il fallait stabiliser le patient. Mais dans ma tête également, j’étais prête pour le RCR s’il avait fallu que je le fasse », lance-t-elle. Il s’est écoulé 28 minutes avant que l’ambulance n’intervienne. Pendant tout ce temps, Joëlle Turcotte est demeurée au chevet d’Eddy, s’assurant que le malade réagissait bien aux médicaments et que sa situation était stabilisée. À l’urgence de l’Hôtel-Dieu d’Alma on a effectué quelques examens pour ensuite le retourner à la maison vers 18 h 30 en lui signifiant que le cardiologue allait le rappeler d’ici une quinzaine de jours. « Quand je suis revenu chez moi, j’ai demandé à Sylvie de retourner à la pharmacie à Hébertville me chercher de la nitro. Sans même bouger, je faisais de petites crises et j’ai vécu quatre jours d’enfer entre le vendredi et le mardi matin où j’ai reçu l’appel de l’hôpital. À 14 h 40, je suis entré dans le bureau du cardiologue Gilbert Savard pour un examen. Après une quinzaine de pas sur le tapis roulant, le docteur a tout arrêté ça. Il m’a donné deux coups de nitro, m’a assis dans une chaise roulante et en route pour les soins intensifs. Je pleurais, mais c’était des larmes de joie, car je ne voulais pas que l’on me retourne à la maison dans l’état où j’étais », raconte Eddy Simard. Aux soins intensifs pendant trois jours, le dimanche suivant, au Centre hospitalier de la Sagamie, il subissait une opération où l’on a installé un dilatateur dans la veine principale du cœur qui était obstruée à 85 %. Eddy Simard n’a que de bons mots. À partir du moment où il a été pris en charge par le cardiologue Savard, il n’a reçu que de bons soins. Son propre médecin, en prenant connaissance des événements, a lancé à Eddy qu’il était « programmé à la mort », mais qu’il avait été chanceux de s’en sortir. « Je fumais plus de deux paquets de cigarettes par jour et j’ai dû arrêter à froid de fumer. Là, ça va mieux et mon sevrage se passe bien. Mais, c’est quoi la cigarette contre la vie », lance Eddy avec philosophie. L’histoire se termine bien pour Eddy Simard. En remettant une de ses œuvres à la pharmacienne Joëlle Turcotte, il voulait ainsi signifier toute sa gratitude envers la femme à qui il doit aujourd’hui de sourire à la vie !