En début de semaine, l’ancienne école Ste-Thérèse, située sur la rue Moreau à Alma, est tombée sous le pic du démolisseur. Pierre Noël, artiste et travailleur culturel actif très connu dans notre milieu, nous a transmis une lettre ouverte pour dénoncer la façon de faire dans le dossier.
En raison de la pertinence de sa réflexion sur ce sujet d’actualité, voici son commentaire dans son intégralité: « L’école Sainte-Thérèse d’Alma a croulé cette semaine sous les pics du démolisseur. Et encore une fois, que de tonnes de matériaux encore viables ont pris le chemin du site d’enfouissement. (Merci l’Ascension!) Quelle belle leçon de récupération que donne ici une commission scolaire à sa clientèle (nos futurs dirigeants!) et à tous ces contribuables qui avaient depuis longtemps payé la facture.
L’école Sainte-Thérèse, construite en 1955, sur les abords de la Petite-Décharge et du chemin de fer, trônait au bout de la rue Moreau sur ce qui aurait pu devenir un endroit prisé par la population, grands et petits. Endroit prisé si les quelques visionnaires y avaient vu plus loin que le bout de leur nez d’administrateur « bon père de famille ».
Oui, oui, on sait que Ville d’Alma était encore échaudée de son expérience avec l’école La Menais. Oui, oui, on sait que Ville d’Alma a relégué, après moult tractations, les jeunes de IQ l’Atelier et leur projet Art terre aux confins de la municipalité. Jeunes qui, en passant, ont choisi de revenir s’installer à Alma, y pratiquer leur métier d’artistes (hé oui c’est un métier !) et d’y faire des bébés qui seront bientôt les clients de notre chère commission scolaire. Oui, oui, on sait que Ville d’Alma a à cœur de revitaliser le centre-ville en y injectant quelques M $ avec les riches propriétaires fonciers désireux de rajouter quelques pécules à leur caisse enregistreuse – vive le PPP! Et, j’oubliais, un désir de reprendre possession de notre belle rivière qui coule au cœur de notre ville.
L’école Sainte-Thérèse était vide d’occupants depuis janvier 2008. À défaut d’y refaire le toit et d’y remplacer les fenêtres, à défaut d’y investir pour en faire un centre vivant, productif et intégrer à la vie communautaire et sociale, on a préféré confier le tout à un entrepreneur-expert en démolition.
Dois-je vous rappeler qu’il y avait là quelques tonnes de briques récupérables à un prix encore appréciables (faites donc une recherche sur Google pour voir)? Qu’il y avait là granit taillé, tableaux d’ardoise. Qu’il y avait là une charpente ouverte avec sept magnifiques pièces de bois laminé en sapin de Douglas (« BC Fur » de 40 pieds X 15 pouces X 10 pouces d’épaisseur pour les amateurs de bois) soutenu par 14 piliers du même acabit de près de 20 pieds de longueur. Et on ne parle pas du cuivre (si prisé par les récupérateur par les temps qui courent) de la plomberie et de l’électricité. Et encore, et encore. Allez hop poubelle, bien enfouie ! Exit le patrimoine…
Ne nous targuons pas d’avoir ici un des centres de récupération des plus actifs et des plus performants de la région ! N’avons-nous pas le discours trop facile des 3R (réduire, récupérer, recycler) ? Ville d’Alma n’a-t-elle pas les moyens de ses ambitions ? Et la Commission scolaire, un mandat d’éducation ?
Pelleteur de nuages on me rétorquera. Regardons donc ce que à quoi à rêvé un maire Jean-Paul L’Allier pour sa ville ou un Guy Laliberté pour son cirque. Il faut rêver !
Et… quelques-uns auront la chance un jour de vivre dans de beaux condos, sur un bout de rue tranquille tout à côté de la rivière. »
Pierre Noël
Artiste et travailleur culturel actif