La rivière Péribonka a-t-elle déjà trop donné?

La rivière Péribonka a-t-elle déjà trop donné?
(Photo: Courtoisie)

La sortie en règle du Comité de sauvegarde de la rivière Péribonka qui dénonce la coupe forestière sauvage sur ses rives, en amont de Lamarche, relance tout le débat sur la confrontation entre l’utilisation industrielle de nos cours d’eau et la tendance au récréotouristique qui se dessine dans notre région depuis quelques années.

Cette dénonciation de la part de citoyens conscientisés à l’environnement vient en effet mettre en lumière la fragilité d’un cours d’eau qui pourtant, en a vu bien d’autres.

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Le débat ramène la question: la rivière Péribonka a-t-elle déjà trop donné au monde industriel ? Ça fait des lustres que l’industrie a compris les possibilités économiques de cette rivière. Déjà, au milieu des années 40, soit en 1945, Aluminium du Canada Ltée, devenue Alcan et Rio Tinto Alcan, mettait en service son barrage de Chute-des-Passes. Puis, au début des années 50, suivirent les barrages de Chute-du-Diable et Chute-à-la-Savane.

Alcan y règne en roi et maître, y possédant, avec le gouvernement du Québec, une entente de 50 ans qui a été renouvelée en 1984.

Le fameux « Bail de la Péribonka » prendra fin le 31 décembre 2033 et pourrait même être prolongé de 25 ans si Rio Tinto Alcan rencontre certaines conditions d’ici 2015 enregard de ses investissements dans la région.

C’est cette même compagnie Alcan qui a donné son aval pour qu’Hydro-Québec ajoute un quatrième barrage sur cette rivière, Péribonka IV, mis en service en décembre 2008.

Quant aux compagnies forestières, ce haut lieu de coupe a longtemps appartenu à la compagnie AbitibiBowater. Puis, certaines partie de terrains sont redevenus terres publiques sur lesquelles notre ministère des Ressources naturelles accorde des CAF aux entreprises privées, des certificats d’approvisionnement forestier. À ce massacre de la rivière, il faut inclure le flottage du bois. Pendant des décennies, la rivière a servi d’autoroute entre les riches forêts de la zone nordique et les industries papetières établies autour du lac Saint-Jean.

Ce n’est qu’à la fin des années 96, après des années de pression, que l’on décidait de convertir le flottage du bois en un transport routier.

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Une forêt en bordure d’une rivière, c’est un jardin dont les pieds trempent dans l’eau à l’année.

Dans le cas de la rivière Péribonka, quand on remonte le cours d’eau, à partir de sa rencontre avec le lac Tchitogama à Lamarche, on entre dans un espèce de corridor ressemblant étrangement à un fjord.

Au début des années 50, l’industrie forestière a lorgné du côté de la rivière Péribonka pour en extraire facilement les plus beaux arbres en bordure.

Cependant, l’escarpement des montagnes, à certains endroits, en faisait des secteurs presque inaccessibles à la machinerie forestière de l’époque, lourdaude et limitée dans ses déplacements.

Les temps ont changé et les agiles débusqueuses d’aujourd’hui seraient capables de monter « dans la face d’un singe », comme le dit l’expression populaire. Alors, on peut accéder à ces territoires de coupe escarpés pour en extraire la matière ligneuse.

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Le milieu lamarchois voit en cette rivière un riche potentiel récréotouristique capable de soutenir l’économie locale désertée par les emplois du secteur forestier.

La question n’est pas d’empêcher les compagnies forestières de survivre en ces temps difficiles.

La question est simplement de savoir de quelle façon on fait les choses conjointement.

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