Rares sont les occasions où il est possible de démystifier ensemble la prostitution. Voilà pourquoi un colloque portant sur ce sujet, organisé par le CALACS Entre Elles de Roberval en collaboration avec les Tables de concertation en matière de violence familiale et d’agressions à caractère sexuel des MRC Lac-Saint-Jean-Est et Maria-Chapdelaine, aura lieu le 10 novembre, au Château Roberval.
Lors de ce colloque, les intervenants des milieux juridiques, politiques, communautaires, de la santé et des services sociaux, pourront entendre deux conférenciers qui sont des spécialistes de la prostitution. Rose Dufour, anthropologue spécialisée en santé publique et chercheuse au Collectif de recherche sur l’itinérance, la pauvreté et l’exclusion sociale à l’UQAM, parlera des dessous de la prostitution. «Mme Dufour nous exposera sa position concernant la criminalisation de la prostitution qui s’appuie solidement sur les doubles résultats d’une action et d’une recherche dont les intervenants auront copie lors de sa présentation», indique l’intervenante sociale Jocelyne Gagné, du CALACS Entre Elles.
Par ailleurs, le professeur titulaire au département de sociologie de l’Université d’Ottawa, Richard Poulin, abordera la légalisation de la prostitution qui officialise, selon lui, la soumission d’un sexe au plaisir de l’autre et l’inégalité entre les femmes et les hommes. «Sans les prostitueurs, pas de marché de prostitution, pas de soumission d’une partie de l’humanité au plaisir d’une autre partie. La pénalisation du client permet, entre autres, de remettre en cause l’impunité historique des prostitueurs et les fallacieux arguments qui ont justifié l’asservissement des femmes et le patriarcat», soutient le docteur, dans un résumé de son exposé.
Jocelyn Gagné ajoute que les participants au colloque pourront connaître à quoi peut ressembler un monde sans prostitution à la lumière de l’expérience de la Suède, source d’inspiration pour éradiquer le phénomène. «Dans ce pays, la pénalisation des clients a eu pour effet de diminuer de 80% le nombre de clients de la prostitution. Pour la première fois, sur des affiches gigantesques, on dévoilait l’homme dans la voiture au lieu de montrer les femmes en mini-jupe et décolleté, penchées à la fenêtre d’une voiture», illustre l’intervenante.
Mme Gagné indique que son milieu est touché de près par la question. «Toute la prostitution, féminine et masculine, est au service sexuel des hommes. Ce sont nos maris, nos conjoints, nos pères, nos frères et beaux-frères, nos fils, beaux-fils et petits-fils… Ce ne sont ni seulement des étrangers, ni des extra-terrestres», a soulevé Rose Dufour. Puis, conclut-elle, à voir ce qui est parfois véhiculé dans les médias, il y a vraiment de quoi se sentir concerné. -30-