Jocelyne Côté est une résidente de La Beauce qui passe une bonne partie de la saison estivale aux Passes dangereuses. Chaque année, elle profite, à l’instar de plusieurs personnes, de la période de la récolte des bleuets sauvages pour ajouter du pécule à son revenu. De passage à nos bureaux cette semaine, elle a voulu dénoncer le fait que l’on attribue la rareté des bleuets sauvages au petit nombre de cueilleurs en forêt.
« J’ai été surpris cette semaine de voir sur un fil de presse de Radio-Canada que le bleuet sauvage sera rare cette année, faute de cueilleurs. Bien au contraire, dans la forêt, il y a beaucoup de bleuets qui attendent seulement à se faire cueillir. Le début de la récolte s’est fait avec un petit retard par rapport à l’an dernier, mais il y en a beaucoup », souligne Jocelyne Côté. « À mon avis, il faut plutôt regarder la situation du prix que les acheteurs de bleuets offrent présentement pour expliquer une telle situation. À seulement 0,50 $ la livre, il faut comprendre que les gens ne sont pas intéressés à passer plusieurs heures dans la forêt. L’an dernier, le prix de base était de quelque 0,85 $ la livre et il s’était ajusté à 1,35 $ par la suite. Cette année, on nous dit que le prix de base ne devrait pas changer. Est-ce de la mesquinerie ou de l’exploitation pure et simple de la part des deux entrepreneurs Senneville et Fortin qui ont en quelque sorte le monopole dans l’achat des bleuets sauvages », s’interroge Jocelyne Côté. « Les personnes qui sont en forêt pour tenter d’augmenter quelque peu leur revenu à l’approche de la rentrée scolaire ne sont pas nécessairement des gens qui possèdent les moyens de se défendre devant une telle situation et il est regrettable que des entreprises profitent de la situation pour carrément exploiter ces gens. Il y a quelques jours, avec mon conjoint, nous avons ramassé quelque 14 boîtes de bleuets sauvages et on nous a offert la somme de 180 $. L’an dernier, pour la même quantité, les acheteurs nous offraient la somme de 400 $. Comment peut-on alors expliquer la différence? » « Il y a 20 ans, le prix de base pour le bleuet sauvage se situait à quelque 0,60 $ la livre. Il est incompréhensible qu’aujourd’hui, le prix de base soit inférieur. Les gens qui récoltent à la hauteur du 130km et du 150km, les deux endroits où se retrouvent les acheteurs de bleuets sauvages sont présentement très malheureux et plusieurs d’entre eux n’ont pas les moyens de se défendre devant une telle exploitation. Il est difficile pour moi d’imaginer qu’en 2009, des gens profitent de la vulnérabilité de certaines gens pour carrément les exploiter. C’est épouvantable », conclut Jocelyne Côté.