Quand le coffre-fort ne suit pas le corbillard !

Il y a quelques années, une amie m’avait bien fait rire avec une expression qu’elle utilisait régulièrement pour philosopher sur le sens de la vie. « Quand le coffre-fort ne suit pas le corbillard ».

Ça veut tout simplement signifier qu’il y a des gens qui accumulent toute leur vie de l’argent dans leur compte de banque, mais qu’au moment de leur décès, leur fortune ne les suit pas dans la tombe. Bien au contraire, ce sont les héritiers qui en profitent allègrement alors que la personne décédée s’en est privée toute sa vie pour réussir à accumuler ce magot.

La morale de cette histoire, c’est sans doute de bien profiter de son argent de son vivant et surtout, d’en faire profiter les autres en demeurant généreux. Une fois mort, toute la fortune du monde n’a plus de valeur.

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J’ai eu le plaisir cette semaine de vivre deux moments heureux au Centre de santé et de services sociaux de Lac-St-Jean-Est qui illustrent à merveille cette vision de la vie où l’on profite de son argent pour faire plaisir aux autres. La générosité, la grandeur d’âme et le bénévolat sont des qualités qui ont toujours leur place en 2007 et qui permettent d’améliorer le sort du monde tout en semant du bonheur autour de soi. La première histoire est toute simple et commence par une chaise droite qui s’est retrouvée sur le chemin d’un individu qui aurait bien aimé que son corps puisse se reposer dans un fauteuil confortable pendant qu’il veillait son père aux soins intensifs. Pendant cinq jours, Nicolas Boily a dormi sur cette petite chaise et, au sortir de l’hôpital après le rétablissement de son père qui avait subi une sévère crise de cœur, ils se sont juré qu’ils feraient quelque chose. Ayant bien réussi en affaire avec la Vitrerie Boily, ils ont donc décidé, en collaboration avec la Fondation de l’Hôtel-Dieu d’Alma et la direction du CSSS Lac-Saint-Jean-Est que le petit salon réservé pour les familles qui ont des parents ou amis aux soins intensifs serait rénové. Un rafraîchissement complet de la pièce, de nouveaux fauteuils de haute qualité où l’on peut dormir en toute quiétude et un système moderne de télévision avec lecteur de DVD: il n’en faut pas plus pour rendre plus humain et confortable un séjour d’accompagnement à l’hôpital. La facture dépasse les 4000 $ pour les deux généreux donateurs mais que vaut l’argent en échange du confort pour toutes les familles de Lac-St-Jean-Est qui auront à utiliser ce salon au cours des prochains mois et années. Disposant de six lits, les soins intensifs sont occupés à plus de 75 % du temps à chaque année. C’est dire le nombre de gens qui pourront profiter de ce petit geste tout simple mais combien important.

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Le second événement fait référence au petit Émile Fournier qui est atteint d’une leucémie, le fils du sympathique docteur Charles Fournier, un médecin généraliste issu de notre milieu. On a parfois l’impression que les travailleurs d’usine sont des gens qui gagnent de gros salaires et qui se moquent éperdument de ce qui se passe autour d’eux, surtout, du malheur des autres. Pourtant, un groupe d’une trentaine d’employés du département (civil) 622 d’Énergie Électrique Alcan Métal primaire vient de prouver le contraire. En début de semaine, ils ont remis un montant de 35 286,81 $ à la Fondation de l’Hôtel-Dieu d’Alma pour le financement d’une chambre neutropénique au CSSS Lac-Saint-Jean-Est. Ce sera le seul équipement du genre au Saguenay—Lac-Saint-Jean et elle servira principalement à isoler un malade à l’abri des microbes tout en offrant une qualité de vie pour les patients qui y séjourneront. Le geste posé par les employés d’Alcan démontre à quel point ils ont à cœur la réalisation de ce projet, pour Émile, mais aussi, pour tous les patients qui auront la chance de bénéficier de cette pièce de traitement. Ce sont des centaines et des centaines d’heures de bénévolat, en dehors de leurs heures de travail, qui ont été données afin de récupérer du vieux fer sur les terrains de la compagnie Alcan et ainsi remettre quelque 25 % de la valeur du projet de cette chambre.

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Ces deux petits gestes illustrent bien comment, chacun à notre façon, on peut améliorer le sort des gens. Et si on s’y mettait dès maintenant, on pourrait changer la face du monde.

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