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50 ans de carrière: Andrée Gagnon, conseillère vestimentaire émérite d’Alma

Yohann Harvey Simard
Le 30 décembre 2022 — Modifié à 16 h 35 min le 30 décembre 2022
Par Yohann Harvey Simard - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Certains la reconnaîtront peut-être pour son sourire contagieux, d’autres pour ses précieux conseils vestimentaires. Quoi qu’il en soit, au terme d’une carrière de 50 ans dans les boutiques de mode d’Alma, Andrée Gagnon est assurément bien connue, mais surtout appréciée de la clientèle.

En effet, la conseillère vestimentaire a un visage qui est familier à bon nombre d’Almatois. D’ailleurs, elle se plaît souvent à dire qu’elle a habillé trois générations.

C’est à l’âge de 18 ans qu’Andrée Gagnon décroche son premier emploi à la boutique Janine, d’abord située sur la rue Sacré-Cœur et plus tard dans la Plaza 1 d’Alma. « À ce moment-là, dit-elle, j’habillais les madames! »

Dès ses débuts au commerce de vêtements haut de gamme, Andrée Gagnon fait fureur, au point où le propriétaire du Gagnon Frères de l’époque, qui n’est même pas son employeur, soumet son nom comme employée féminine de l’année au gala La soirée des mercures. La jeune vendeuse remporte le concours qui visait à reconnaître le travail des salariés du centre-ville d’Alma.

La boutique Janine ferme ses portes au tournant des années 90, après quoi Andrée Gagnon est aussitôt repêchée par le propriétaire du Village du Cuir en raison de la douance naturelle pour la vente qu’il reconnaît à la jeune femme. Elle travaillera dans le commerce durant une dizaine d’années.

Elle fait ensuite le saut chez Action Sport/Ultra Violet, les deux boutiques cohabitant alors sous même toit à cette époque. Action Sport disparaîtra peu de temps après. Il ne restera que la bannière Ultra Violet, pour laquelle Andrée Gagnon travaille depuis maintenant 25 ans, le sourire aux lèvres.

Actrice dans l’âme

De la clientèle bon chic bon genre de la boutique Janine, en passant par les motards et les jeunes rebelles du Village du Cuir, jusqu’aux sportifs d’Ultra Violet, une chose seule chose est restée inchangée : Andrée Gagnon était une vendeuse étoile. C’est que selon elle, elle a toujours su s’adapter à ses clients, qu’ils soient vêtus de cuir ou de nylon.

« Je suis un caméléon! J’ai toujours été actrice, je faisais des pièces de théâtre, j’étais une vedette quand j’étais jeune! »

Mais pour Andrée Gagnon, le fait d’acter ne s’est jamais traduit par de faux-semblants, pas plus que cela constituait une forme d’hypocrisie.

« Je n’ai jamais été inconfortable avec moi-même, insiste-t-elle. On dirait qu’aussitôt que je plongeais dans la sorte de vente que je faisais, je me transformais instantanément, comme si j’avais fait ça toute ma vie. »

Qui plus est, Andrée Gagnon s’est toujours fait un devoir de donner l’heure juste à ses clients.

« Je n’ai jamais, jamais recommandé quelque chose que je n’aimais pas moi-même ou qui allait mal à mes clients! » Car elle sait que c’est l’honnêteté qui fait les meilleurs vendeurs.

Une vocation imprévue

Quoiqu’elle y ait excellé et qu’elle s’y soit plu, Andrée Gagnon n’était pas destinée au métier de vendeuse.

« Moi, j’étais faite pour les communications et je voulais étudier là-dedans. »

Toutefois, alors qu’elle suivait des études collégiales, la jeune femme est prise d’un « blocage ». Ironiquement, Andrée Gagnon s’était découvert une peur phobique du public. Alors que dans un contexte informel, elle nageait entre les interactions comme un poisson dans l’eau, le fait de prendre la parole dans un environnement plus formel, comme devant une assemblée ou une caméra, avait sur elle un effet paralysant.

« Je figeais complètement », dit-elle, si bien qu’elle a décidé de mettre fin à ses études.

Elle affirme toutefois que le domaine de la vente lui a permis de pleinement s’épanouir. Bien qu’elle encourage les plus jeunes à poursuivre leurs études, elle estime que le commerce au détail est une excellente alternative.

50 ans de plaisir

Malgré le deuil de ses études, Andrée Gagnon demeure une femme sans regret. Pour elle, sa carrière de vendeuse se résume à 50 ans de plaisir entre collègues.

Même que pour plusieurs de ses jeunes collègues, qu’elle appelle ses « p’tites », Andrée Gagnon ne représente rien de moins qu’une mère de substitution tant elles entretiennent de bonnes relations. « J’ai toujours eu la flamme avec les jeunes, je les adore! […] Un jour, la mère d’une jeune fille avec qui je travaillais est décédée, et avant de décéder, sa mère lui a dit “au moins tu pourras toujours te tourner vers Andrée si tu as besoin de parler”.

Sans oublier les nombreux liens d’amitié qu’Andrée Gagnon a su tisser avec ses clients.

« J’ai même des clients que j’habillais quand ils étaient adolescents qui font un détour pour venir me montrer leurs bébés! »

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