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Le succès monstre de Michel Jean

Serge Tremblay
Le 02 août 2023 — Modifié à 07 h 01 min le 02 août 2023
Par Serge Tremblay - Rédacteur en chef

Au Québec, on dirait que le succès est encore tabou. Quoiqu’on dise, il semble malheureusement toujours y avoir chez nous cette espèce de fond de pensée judéo-chrétienne en vertu de laquelle mieux vaut être pauvre et humble que riche et fier. Ça nous colle à la peau.

Quand j’ai sollicité l’auteur et journaliste Michel Jean pour une entrevue, il a accepté avec plaisir, mais il a été convenu de passer sous silence certaines infos, pourtant des conséquences très positives illustrant sa réussite. Ce qui lui arrive, c’est Big avec un B majuscule. Croyez-moi, j’aurais pu aller plus loin que ce qui va suivre, mais obtenir un succès littéraire phénoménal comme celui de Michel Jean, ça fait des jaloux, on est snobé par une certaine élite, bref mieux vaut se la jouer profil bas.

Pourtant Michel a de quoi être fier. En Europe comme au Québec, le roman Kukum, qui raconte l'histoire de son arrière-grand-mère innue Almanda, accumule les prix, brise des records de ventes, devient le coup de cœur de dizaines de libraires et de milliers de lecteurs. L’écrivain constate toutefois que nul n’est prophète dans son pays. « C’est peut-être ma plus grande déception, me confie-t-il, celle de ne pas avoir été reconnu au salon du livre de ma propre région, mais bon… »

Michel Jean est né à Alma, mais sa famille déménage à Sorel lorsqu’il n’a que 7 ans. C’est toutefois encore l’eau du lac St-Jean qui coule dans ses veines. « J’ai une connexion avec la région qui ne s’effacera jamais. Mes plus beaux souvenirs sont liés aux séjours dans ma famille, sur le bord du lac, c’est là d’où je viens, où je ressens le plus fort sentiment d’appartenance. »

Persévérer

Après quelques livres qui ont plus ou moins bien marché, la persévérance a été payante pour l’écrivain jeannois. L’histoire d’amour racontée dans Kukum, campée au Lac-St-Jean et sur le territoire longeant la Péribonka, a ému le public d’ici et d’outre-mer.

« Oui c’est une belle histoire d’amour, mais qui vient avec un côté tragique. J’ai voulu décrire les conséquences de la sédentarité forcée des peuples autochtones et ça touche les gens. Les Allemands, par exemple, qui ont leur passé noir, ont peine à croire qu’une telle tentative d’assimilation s’est produite dans un pays comme le Canada. »

Avenir

Aujourd’hui âgé de 63 ans, après 38 ans à couvrir l’actualité pour Radio-Canada puis TVA, la carrière journalistique de Michel Jean tire à sa fin.

Pour le nouveau chapitre de sa vie, Michel travaille déjà sur un projet très spécial. « Je souhaite m’établir à mi-temps en France et aménager une résidence qui deviendra un lieu d’écriture pour les auteurs autochtones, dans le but de les mettre en contact avec le milieu littéraire européen. Ce sera un peu ma manière de redonner au suivant. »

Kukum est loin d’avoir fini sa vie. Une adaptation du roman pour la télévision, une série sur deux saisons, est en cours de développement, de même qu’un autre projet de série télé pour Tiohtià:ke, portant sur la réalité de l’itinérance autochtone en milieu urbain, et aussi un projet de film pour son autre texte, Le Vent en Parle Encore. Vous ai-je dis que c’était Big ?

Ressent-il de la pression pour la suite ? « Ni mes proches, ni mon éditeur, ni mes lecteurs ne me mettent de la pression, sauf que moi, je m’en mets beaucoup. Mais comme tu le sais Roger, nous, les journalistes, on carbure à la pression… »

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