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La crise du logement dénoncée à Alma

Yohann Harvey Simard
Le 25 avril 2023 — Modifié à 12 h 08 min le 25 avril 2023
Par Yohann Harvey Simard - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Une bannière dénonçant la crise du logement a été accrochée à la passerelle reliant l’Île Sainte-Anne au boulevard des Cascades, ce matin à Alma, dans le cadre de la Journée des locataires.

À l’origine de cet acte de protestation, le regroupement Entraide logements Alma. Cloé Fortin, l'une de ses membres, explique que la bannière visait à dénoncer l’inaction des autorités publiques vis-à-vis la crise du logement qui sévit actuellement dans la "Ville de l’hospitalité", souligne-t-elle avec une pointe ironie.

Cloé Fortin est agente d'éducation populaire et de mobilisation pour l'organisme Mouvement d'éducation populaire et d'action communautaire (MEPAC). Chaque semaine, dit-elle, elle constate que peu de solutions s'offrent aux personnes sans logement.

« On voit bien que les locataires sont laissés à eux-mêmes. Ils sont tannés d’aller cogner à des portes pour juste se faire renvoyer un peu partout. Ce que je veux dire par-là, c’est qu’ici, il n’y a pas de groupe de défense des droits des locataires, alors on veut que les gens qui n’ont pas de voix soient entendus », précise celle qui a siégé trois ans au conseil d’administration du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ).

Elle ajoute que « lorsqu’on va demander une habitation à loyer modique (HLM), les gens se retrouvent sur une liste et ils n’ont pas nécessairement de retour. Et quand on va cogner à l’hôtel de ville, il n’y a pas d’aide concrète qui peut nous être apportée. »

En janvier dernier, Alma affichait un taux d’inoccupation de 0,3 %. Or, une ville est considérée en situation de pénurie de logements lorsqu’elle passe sous le seuil des 3 %, selon la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL).

Obligé d’habiter dans son auto  

Selon Franck Lefebvre, un autre membre du regroupement Entraide logements Alma, la crise du logement à Alma est telle qu’elle touche maintenant « monsieur et madame tout le monde », et non uniquement les personnes à faibles revenus.

Lui-même s’est d’ailleurs buté au manque d’habitations locatives. Contraint de quitter son appartement pour des rénovations il y a trois mois, il affirme avoir été incapable de se trouver un nouveau logis depuis.  « C’est vraiment alarmant », dit-il, expliquant qu’avec la rareté des logements, plusieurs propriétaires se sont mis à avoir des exigences démesurées.

« Ce n’est vraiment pas faute de moyens que je n’arrive pas à me trouver un logement, j’ai trois emplois et je travaille à temps plein. C’est juste que les propriétaires sont tellement devenus exigeants en 2023 : pas d’animaux, non-fumeur, pas d’étudiants, pas de sorties après 23h, enquête de crédit obligatoire, ça ne finit plus. »

À défaut de pouvoir trouver un appartement, Franck Lefebvre en est réduit à vivre dans son automobile.

Abus

Cloé Fortin ajoute qu'en plus de la discrimination dans le processus de sélection, certains propriétaires profitent de « l’ignorance de leurs locataires » pour commettre des actes illégaux.

Elle parle notamment d’augmentations de loyer abusives à la suite de rénovations. Il arrive aussi qu’un propriétaire évince son locataire pour effectuer des travaux sans informer ce dernier qu’il a le droit de réintégrer son appartement une fois les travaux terminés.

Cloé Fortin observe également que de nombreux propriétaires procèdent à des reprises de logement illégales. Elle rappelle qu’un propriétaire peut seulement reprendre son logement pour l’habiter lui-même ou y loger son père, sa mère ou ses enfants. Néanmoins, tout locataire a le droit de refuser la reprise de son logement, de même qu'une augmentation de loyer qu'il juge injustifiée, auxquels cas le propriétaire doit aller défendre sa cause devant le Tribunal administratif du logement (TAL).

Cloé Fortin invite les locataires qui se sentent lésés à rejoindre son regroupement en adressant une demande au comitelogement.alma@gmail.com. Elle les encourage également à participer à une assemblée publique sur la crise du logement au Saguenay-Lac-Saint-Jean les 24 et 25 mai prochains. Pour plus d’informations : https://www.facebook.com/profile.php?id=100091662164576.

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