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Quarante ans plus tard, Nadia Comaneci réalise toute l'ampleur de ses exploits

Le 22 juillet 2016 — Modifié à 00 h 00 min le 22 juillet 2016
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Alors qu'elle accumulait les scores de 10 à un rythme inimaginable lors des Jeux de Montréal en 1976, Nadia Comaneci devait bien être la seule personne sur Terre à ne pas réaliser qu'elle écrivait de nouveaux chapitres de l'histoire de l'olympisme et de la gymnastique. Aujourd'hui, elle saisit toute la portée de ses exploits et en ressent beaucoup de fierté.

Dans le majestueux temple qu'était le Forum de Montréal, à l'époque réservé presque exclusivement aux artistes de la rondelle, la Roumaine alors âgée de 14 ans avait chamboulé son sport en devenant la première gymnaste — femmes et hommes confondus — à obtenir une note parfaite.

L'exploit était tellement inattendu que le tableau indicateur avait en fait affiché une note de 1.00, puisqu'il n'y avait de la place que pour un seul chiffre à gauche de la décimale! Comaneci avait répété le tour de force six fois en route vers une récolte de cinq médailles, dont trois d'or.

Jeudi matin dans la tour du Stade olympique, elle a pu revivre quelques-uns de ces inoubliables moments lors d'une visite de l'exposition commémorant les 40 ans des Jeux de Montréal, dont elle a été la reine incontestée.

Vêtue tout de blanc — comme lors de ses prestations à Montréal — et affichant un sourire radieux, Comaneci a même passé quelques minutes assise sur un vieux siège rouge du Forum, auprès de son mari Bart Conner et de leur fils Dylan, à revoir une vidéo de l'une de ses performances au sol. À un certain moment, on l'a même vue répétant des gestes de sa chorégraphie, alors qu'ils étaient diffusés sur l'écran géant.

«Je suis revenue quelques fois à Montréal, dont l'an dernier, mais lorsqu'il s'agit d'un événement officiel comme celui-ci qui commémore les 40 ans de ma note de 10, je ressens beaucoup d'émotions. Pour moi, c'est comme s'il s'agissait d'une toute autre période de ma vie. À l'époque, je ne réalisais pas ce qui se passait parce que j'étais trop jeune. Au fil du temps, j'ai appris à chérir de plus en plus ce qui est arrivé, et je suis consciente qu'il s'agit de quelque chose de très important. Mais je ne le savais pas à ce moment-là», a-t-elle déclaré lors d'un point de presse d'une quinzaine de minutes.

«Quand je suis arrivée à Montréal, je n'avais aucune pression, a renchéri Comaneci. J'étais jeune et je ne comprenais pas toute cette attention qu'on me portait. À Moscou (lors des Jeux de 1980), j'ai ressenti cette pression parce que j'étais devenue une adulte et je réalisais que j'étais une championne olympique qui devait défendre son titre.»

Au-delà des répercussions sur son sport, les exploits de Comaneci ont servi de rampe de lancement à une histoire d'amour qui perdure entre la Roumaine et la ville de Montréal, où elle a même vécu pendant un an et demi, en 1989 et 1990.

Avant de se soumettre à un mini-barrage de questions, Comaneci a même pris quelques minutes pour s'adresser aux journalistes dans la langue de Molière.

«Je suis très heureuse et très fière chaque fois que je reviens ici à Montréal. Je suis très émue chaque fois que je viens ici parce que je me souviens de ce qui s'est passé en 1976. Je n'ai jamais oublié ce qui s'est passé avec l'affichage, parce qu'on ne pouvait pas donner la note parfaite. Je me souviens de ce qui s'est passé dans le village olympique, et de toutes les personnes et de tous les Canadiens qui m'ont fait sentir comme si j'étais à la maison.»

Même si elle y est revenue plusieurs fois depuis, Comaneci dit ressentir de grandes émotions lors de chacune de ses escales à Montréal. Et elle n'est pas sans ignorer qu'elle a laissé sa marque auprès de plusieurs familles québécoises et canadiennes.

«Je sais qu'après les Jeux de 1976, plusieurs filles au Canada ont été prénommées Nadia. Lorsque je vais quelque part et que je vois une femme portant une épinglette avec mon prénom, je lui fais remarquer qu'elle s'appelle Nadia, et elle me répond qu'elle a été nommée en mon honneur, a-t-elle raconté en souriant. Je suis très heureuse d'avoir motivé les jeunes à pratiquer la gymnastique.»

Aujourd'hui, Comaneci admet que Montréal a transformé sa vie.

«Montréal a changé ma vie, parce que je suis ici et que vous êtes venus nombreux! Je ne cherchais pas à changer ma vie. C'est arrivé, tout simplement. Je ne suis pas venue à Montréal pour changer l'histoire, parce que je ne savais pas que j'allais changer l'histoire. Je n'ai fait que ce que je voulais faire, et je ne pensais pas que ce serait une grosse histoire. Mais oui, c'est une grosse histoire.»

Michel Lamarche, La Presse Canadienne

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