Afin d’attirer de nouvelles entreprises au centre-ville, la Société de développement commercial d’Alma (SDC) offrira des compensations financières aux commerçants qui s’y installeront au cours des trois prochaines années. Une mesure considérée « injuste » par certains des commerçants qui ont déjà pignon sur rue dans le centre-ville.
C’est le cas de Jean-Marc Fradette, copropriétaire du restaurant-bar Barbe Noire.
« Il y a une énorme contradiction, trouve-t-il, dans le fait de faire un rabais pour les commerçants qui s’en viennent et de ne pas en faire pour que les commerçants qui sont déjà là y restent [dans le centre-ville]. »
Jean-Marc Fradette fait ensuite un parallèle avec la démarche en cours visant la dissolution de la SDC, démarche qui trouve principalement son origine dans les cotisations jugées trop élevées et inefficaces par plusieurs commerçants. En ce sens, il estime que le fait d’offrir une promotion aux nouveaux commerçants revient à admettre que les cotisations sont effectivement un frein au développement du centre-ville, car si ce n’était pas le cas, il ne serait pas nécessaire de les compenser pour attirer de nouvelles entreprises.
Le copropriétaire du Barbe Noire remet également en question l’efficacité de la SDC, et par le fait même l’obligation de cotiser à l’organisation.
« On a la preuve noir sur blanc, parce qu’on le voit depuis 20 ans, que le centre-ville dépérit et se vide pendant que nous, on paie des cotisations. Alors, comment peuvent-ils prétendre [la Ville et la SDC) que c’est important de payer des cotisations alors qu’au lieu de voir le centre-ville se remplir, c’est l’inverse qui se produit depuis 20 ans? »
Alma poursuit des commerçants
Par ailleurs, au cours des derniers mois, Alma a lancé des poursuites judiciaires à l’endroit des commerçants du centre-ville dont les cotisations sont en défaut de paiement. Une décision que Jean-Marc Fradette, tout comme la commerçante à l’origine de la pétition pour dissoudre la SDC, trouve révoltante.
« C’est incroyable que la Ville poursuive ses propres commerçants, et encore plus qu’elles poursuivent des commerçants qui se trouvent dans le secteur qu’elle essaie de revitaliser. Il y a des poursuites pour 300 $, pour 500 $, parfois pour quelques milliers de dollars. Mais la question qu’il faut se poser, c’est combien la Ville est en train d’investir en frais d’avocat pour poursuivre ses commerçants qui, depuis longtemps, tiennent le centre-ville à bout de bras? »
Une obligation légale selon la Ville
Pour sa part, la Ville d’Alma affirme qu’elle n’a d’autre choix que d’appliquer la loi.
À ce titre, la Ville rappelle qu’en vertu de la Loi sur la fiscalité la municipale, « la cotisation est obligatoire pour tous les membres de la SDC. De ce fait, le greffier ou le secrétaire-trésorier de la municipalité dispose des pouvoirs conférés par cette loi en vue de voir à la perception de la cotisation. Omettre ou refuser de payer la cotisation dans les délais prescrits par le règlement du conseil expose le membre fautif à des mesures pouvant aller jusqu’aux recours judiciaires. »
Selon la mairesse d’Alma, il s’agit aussi d’une question « d’équité envers les commerçants qui paient leur cotisation ».
« On ne peut pas décider qui paie et qui ne paie pas. Nous, la loi nous dit qu’il doit y avoir quelqu’un qui perçoit les taxes AU NOM de cette organisation-là [la SDC] parce cette organisation-là, elle a besoin de cette contribution-là [la cotisation annuelle] pour faire avancer ses affaires. »
Le directeur général de Ville d’Alma, Frédéric Lemieux, ajoute que « si la Ville ne faisait aucune perception et qu’elle n’entamait aucune démarche, plus personne ne paierait ».