Denis Lebel est sorti de son mutisme dans une entrevue qu’il nous a accordé, la première depuis qu’il a pris sa retraite de la politique et de la vie publique il y a 5 ans. L’ex-député conservateur de Roberval a commenté la politique fédérale et les tarifs douaniers imposés par Donald Trump.
Denis Lebel a siégé durant un peu plus de 8 ans à la Chambre des communes et a dirigé plusieurs ministères. Interrogé sur les élections qui devraient avoir lieu cette année, l’ex-politicien maintenant âgé de 70 ans s’est d’abord porté à la défense du chef conservateur actuel, Pierre Poilièvre.
Denis Lebel souligne qu’il le connaît très bien.
« Il a été mon secrétaire parlementaire quand j’étais ministre des Transports et il était avec moi presque tous les jours durant environ trois ans. On va probablement ressortir la question de l’avortement durant la campagne électorale ou s’il prend la tête du pays, mais Pierre Poilièvre ne va jamais s’y attaquer. Ce n’est pas vrai. Le mariage gai, il n’y touchera pas non plus. »
L’ex-député estime aussi que Pierre Poilièvre a raison de vouloir ramener l’équilibre dans les finances fédérales.
« De temps en temps, il fait des frasques et je ne suis pas toujours d’accord avec ce qu’il dit. Par contre, il veut que le gouvernement cesse de dépenser plus d’argent que ses revenus. Moi, j’ai été un conservateur fiscal et je voulais qu’on gère bien l’argent du pays. Je suis donc bien d’accord avec lui sur cet aspect. »
Denis Lebel attaque du même souffle les libéraux.
« Justin Trudeau a mis notre pays dans un trou financier et souvent sans raison, dit-il. Il l’a fait pour être réélu, bien paraître et acheter des votes. Bien avant la pandémie, on était déjà dans le trouble. Elle est finie et on est encore dans des déficits de plusieurs milliards. C’est contre mes valeurs. Je veux qu’on laisse un meilleur héritage à nos enfants et petits-enfants pour éviter qu’ils paient durant des années des dettes accumulées. »
Tarifs douaniers
Par ailleurs, sur la question des tarifs douaniers, celui qui a occupé plusieurs ministères à vocation économique estime qu’il « ne faut pas trop paniquer, même si c’est inquiétant et voir jusqu’où ça va aller. »
Quand les consommateurs américains réaliseront qu’ils devront payer plus cher pour des produits canadiens, Denis Lebel pense qu’il y aura une mobilisation aux États-Unis.
« La facture leur sera refilée. C’est une idiotie de Donald Trump. Il ne s’aperçoit pas que tous les pays vont transférer dans le sien les tarifs qu’il va charger et que sa population va payer pour. Le conseil que j’ai donné à des entreprises, c’est de faire des pressions auprès des entreprises américaines qui vendent leurs produits pour qu’ils se tournent vers leurs gouverneurs ou leurs sénateurs. Ça a beaucoup plus de chances d’être efficace que nous de crier. »
Et quoi qu’il en dise, Donald Trump ne réalise pas selon lui à quel point les Américains ont besoin du bois canadien, ajoute l’ancien PDG du Conseil de l’industrie forestière du Québec.
« Les Américains doivent importer 30% de leur bois. Ils ne sont pas capables de s’en passer et vont donc continuer à en acheter. Si les prix montent parce qu’il y a plus de taxes, les compagnies vont les transférer aux acheteurs, ce qui aura un impact sur le prix des maisons. S’il y a une explosion des coûts de matériaux, comment vont-ils loger leur monde? »