Mardi, 17 septembre 2024

Chroniques

Temps de lecture : 1 min 57 s

Les neuro-difficiles

Le 12 septembre 2024 — Modifié à 07 h 00 min le 12 septembre 2024
Par Alexandra Gilbert

La mode en décoration intérieure tend vers le beige, le gris, le neutre.

La mode en termes de fonctionnalité en société tend vers le beige, le gris, le neutre.

Les gens colorés, les gens différents, ceux qui dépassent des cases, demandent plus de gestion, d’accommodements. Ils sont difficiles.

J’ai tendance à m’entourer de personnalités complexes, ceux qu’on qualifie de bizarres. Je suis attirée par les gens qui ont un cerveau qui analyse les choses différemment, les super créatifs ou d’une intelligence particulière, d’un humour hors-norme, ou qui gèrent leurs émotions de façon non-habituelle. Je les trouve différents et beaux, intéressants. Peut-être parce que je suis neuro-atypique aussi, je ne sais pas, on ne m’a pas mis d’étiquette sur le front encore. 

Souvent, les bizarres, ce sont des gens qui ont souffert. Ils souhaitent devenir quelqu’un d’autre, devenir normal, font face à la rigidité des systèmes et des attentes des autres, jusqu’au jour où ils comprennent qu’ils sont parfaits tels qu’ils sont.

C’est une chose, d’accommoder un milieu de travail pour une personne hyper-performante mais socialement inacceptable, ou inconstante dans ses forces et ses défis. C’en est une autre de de l’assumer, puis d’accepter cette personne tous les jours, telle qu’elle est. C’est surement plus simple d’engager quelqu’un de plus médian mais c’est également se passer des forces extraordinaires de cette personne, ses superpouvoirs.

Ils ont été des enfants, ces extraterrestres. Ils en ont eu aussi, et ont parfois légué leur don. C’est difficile pour les parents de s’adapter au quotidien, de gérer les crises, car il y en a, beaucoup et souvent. De comprendre comment fonctionne ce petit être immature, quels sont ses besoins pour qu’il soit bien, heureux. C’est tout ce qu’on souhaite comme parent, non?
Maintenant, à l’école, c’est là que commence la vraie loterie. Va-t-on tomber sur un(e) enseignant(e) qui s’adapte, ou qui exige qu’on s’adapte à elle? Y-aura-t-il une équipe école qui pourra comprendre mon enfant, l’accompagner et le défendre au besoin? Croise les doigts maman, fais tes prières papa.

Un enfant autiste qui a besoin de préparation parce qu’il appréhende tout, qui apprend qu’il change de classe le matin même de sa rentrée, c’est non.

Un enfant qui se retrouve isolé dans une classe vide à hurler parce qu’il n’a pas utilisé les bons mots dans le bon ordre au bon moment, alors que son enjeu est JUSTEMENT, d’apprendre les codes sociaux, c’est non.

Un enfant qu’on brutalise en le tirant par le bras parce qu’il est trop dans la lune, c’est non.

Un enfant qui, le soir, rapporte à ses parents que personne l’aime parce qu’il est pas comme les autres et qu’il réussira jamais à avoir des amis, qu’il a envie de mourir, CRISSE C’EST NON.

Sors de ta boite beige. Mets tes lunettes roses un peu, la vie est plus belle en couleur.

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