Chroniques

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Rio Tinto doit faire plus et mieux

Le 27 juillet 2022 — Modifié à 13 h 58 min le 27 juillet 2022
Par Diane Lemieux

Au début des années 1960, grâce à René ­Lévesque, nous avons fait de la pro­duction hydroélectrique qui était presque entièrement privée, un bien commun national. À peu près toutes les entreprises productives privées, à l’exemption de quelques rares entreprises dont ­Alcan, ont été nationalisées au profit d’­Hydro-Québec. On a fait exception pour l’Alcan, parce qu’elle n’était pas uniquement une productrice d’électri­cité, mais bien également une entreprise de production d’aluminium, qui employait 10,000 personnes dans la région parmi les mieux payées au ­Québec.

Après avoir bénéficié de toutes sortes d’avantages financiers, ­Alcan a vendu l’entreprise, nos subventions et les ressources naturelles s’y rattachant à ­Rio ­Tinto.

Rio ­Tinto a annoncé récemment des investissements de 240 M $ dans la région. C’est bien, mais ce n’est pas suffisant compte tenue des milliers d’emplois (plus de 7000) que la région a perdus, qui représentent par année, environ 1 milliard de dollars. C’est 10 milliards sur 10 ans et 25 milliards sur 25 ans.

Il faudra des investissements beaucoup plus considérables pour compenser de telles pertes. Il sera difficile d’atteindre un partage équitable entre la région et la multinationale, qui utilise nos ressources naturelles pour presque rien, tout en ayant des retombées de moins en moins importantes. Nous devons exiger de plus grands investissements, mais il faudra plus. Ce plus, c’est un partage des profits entre la multinationale et la région.

Rio ­Tinto a enregistré globalement, en 2021, des bénéfices de 21 milliards, un profit qui a plus que doublé comparativement à 2020. Pour le secteur aluminium, c’est un profit de 2,5 milliards, soit 5 fois plus qu’en 2020. Nul doute que ses installations hydroélectriques, ses usines et son personnel y sont pour quelque chose. Il est temps qu’on fasse nos comptes.

Il est temps également, que ­Rio ­Tinto fasse mieux en matière de protection des berges. On ne peut à la fois revendiquer le rôle de leader mondial en matière de développement durable, tout en laissant la ­Pointe ­Langevin se gruger indéfiniment. Quelle que soit la cause, c’est ­Rio ­Tinto qui doit prendre le leadership dans ce dossier. Il faut transformer le mauvais en mieux. Le mauvais, c’est une magnifique pointe de terre, qui est demeurée stable pendant plus de 75 ans et qui est maintenant en décrépitude totale. Ce petit coin de paradis est devenu tout écharogné. La superficie détruite ne cesse d’augmenter. Le ­laisser-aller de ­Rio ­Tinto dans ce dossier représente un furoncle dans l’image corporative de l’entreprise.

Elle pourrait, par contre, transformer rapidement le mauvais en mieux, en assurant la protection de la ­Pointe ­Langevin et en y greffant un projet de débarcadère pour le service de la navette maritime de ­Péribonka. Un tel débarcadère, avec des aménagements légers : abris moustiquaire et toilette, permettrait aux cyclistes et aux piétons de ­Vauvert de traverser à ­Péribonka et inversement pour ceux et celles de ­Péribonka.

Rio ­Tinto ­peut-elle faire plus et mieux ? J’en suis persuadé.

Denis ­Trottier

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