Actualités

Temps de lecture : 2 min 29 s

Agriculture : entre optimisme et incertitude

Serge Tremblay
Le 10 avril 2020 — Modifié à 09 h 17 min le 10 avril 2020
Par Serge Tremblay - Rédacteur en chef

Service essentiel s’il en est un, le milieu agricole continue d’opérer alors que la crise bat son plein. Les producteurs doivent cependant naviguer à vue d’œil et composer avec un certain nombre d’incertitudes.

« On y va au jour le jour et en fonction de ce que dicte l’actualité, qui file assez vite. Il y a quelques enjeux pour lesquels on demeure dans l’incertitude, c’est préoccupant, mais on peut tout de même demeurer optimiste, je crois », lance Mario Théberge, président régional de l’UPA.

Actuellement, les incertitudes se situent davantage du côté de la transformation, que ce soit dans le lait, le porc ou le poulet, où on craint qu’il puisse y avoir des fermetures si jamais la COVID-19 y entrait en infectant le personnel.

« On a entendu certaines choses, mais il n’y a vraiment rien de confirmé. Ça amène quand même des incertitudes, car dans le porc et le poulet, la transformation est prévue des mois à l’avance. Si la chaîne est court-circuitée, les producteurs doivent supporter des inventaires imprévus. »

C’est sans compter sur les surplus de lait engendrés par la chute drastique de la demande dans les milieux institutionnel, hôtelier et de la restauration, qui pourraient causer des pertes financières majeures.

Travailleurs étrangers

Un autre élément de première importance, la venue de travailleurs étrangers pour œuvrer aux champs dans le secteur maraîcher demeure incertaine.

« Le gouvernement fait preuve de bonne volonté et dit qu’il nolisera des vols pour en faire venir, mais on ne sait pas combien on pourra en avoir. Ça nous en prend 16 000 juste au Québec et on craint de ne pas pouvoir en faire venir autant, ça nous préoccupe beaucoup. »

Avec les nombreuses personnes qui se retrouvent au chômage, le gouvernement a indiqué qu’il était dans son intention d’offrir des bonis afin d’inciter les chômeurs à envisager le travail à la ferme.

« Est-ce que ça aura un effet? Les gens qui sont habitués à un travail de bureau, les conditions au champ à quatre pattes sous un soleil de 30 degrés, est-ce que ça va tenir? Je ne sais pas, mais je me pose la question. Et le boni ce sera quoi, il n’y a encore rien d’écrit. »

Volonté

Ceci étant dit, Mario Théberge demeure néanmoins optimiste. Il affirme bien comprendre que les deux paliers de gouvernement gèrent une situation de crise.

« Je reste optimiste. On verra à l’automne comment ça aura été, mais on le concède, les gouvernements bougent. Il y a de la volonté politique et avec ça, on peut aller loin! »

L’importance de l’agriculture refait surface

L’agriculture pourrait-elle ressortir de la crise du coronavirus en ayant redoré son blason aux yeux de la population? À tout le moins, les éléments sont là afin que le public prenne conscience de l’importance de ce secteur d’activité.

Alors que des supermarchés ont été pris d’assaut par des consommateurs inquiets voulant faire des réserves de nourriture, le concept de souveraineté alimentaire revient à l’avant-plan. Sans agriculture, pas de nourriture.

« On l’oublie, mais le seul secteur économique qui a traversé toutes les crises depuis le début de la colonisation, c’est l’agriculture. Je pense que l’on nous a pris un peu pour acquis, mais que la population est aujourd’hui consciente de notre importance. On réalise certaines choses », souligne Mario Théberge, président régional de l’UPA.

Celui-ci souhaite qu’au sortir de la crise, on se souvienne collectivement de l’importance de produire de la nourriture chez nous et d’essayer de limiter notre dépendance à des marchés extérieurs pour s’approvisionner.

« Parfois, on a l’impression que pour certaines personnes, l’agriculture est vue comme un mal nécessaire. Pourtant, notre slogan le dit bien : pas de nourriture sans agriculture. Je pense que c’est l’occasion de reprendre notre place. »

Abonnez-vous à nos infolettres

CONSULTEZ NOS ARCHIVES