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Alma: bien adaptée aux personnes handicapées?

Yohann Harvey Simard
Le 17 mai 2021 — Modifié à 18 h 01 min le 17 mai 2021
Par Yohann Harvey Simard - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Bien que plusieurs avancées ont été réalisées ces dernières années, beaucoup de travail reste à faire pour adapter Alma à la réalité des personnes à mobilité réduite.

C’est ce que dépeignent Alexandre Jean et Nicolas Claveau. Tous deux atteints de l’ataxie de Charlevoix, ils en ont vu de toutes les couleurs.

« Il suffit de se promener une heure en quadriporteur pour comprendre à quel point ce n’est pas évident de se déplacer pour une personne à mobilité réduite dans la ville d’Alma », affirme Alexandre Jean.

En effet, enjamber un trottoir, emprunter un chemin enneigé ou encore ouvrir la porte d’un commerce sont des choses plutôt simples pour le commun des mortels. Pour des personnes à mobilité réduite, c’est une tout autre histoire.

« Cette année, je ne sais pas ce qui s’est passé, mais la ville n’a même pas pris la peine de déblayer la traverse pour se rendre au Centre Alma. Bien souvent, je devais passer directement dans la neige en chaise roulante. C’était même difficile pour des gens qui ont l’usage de leurs jambes », mentionne pour sa part Nicolas Claveau.

Trottoirs impraticables

Les deux hommes s’entendent également pour dire que la plupart des trottoirs de la ville sont difficiles d’accès pour les personnes à mobilité réduite, voire impraticables à l’occasion.

« Il faut être toute qu’un pilote pour se déplacer sur les trottoirs de la ville. Quand ils ne sont pas trop hauts, ils sont faits tout croche », déplore Alexandre Jean.

Nicolas Claveau ajoute que l’état des trottoirs est parfois tel qu’il est préférable pour lui de circuler sur la route.

« Souvent, je ne les utilise pas parce que ça me donne plus de misère qu’autre chose. »

Pour Alexandre Jean et Nicolas Claveau, emprunter les trottoirs de la ville d'Alma est souvent synonyme d’une prise de risque.

Les deux hommes doivent aussi composer avec des entrées de commerce inadaptées.

« La majorité des magasins n’ont pas de bouton pour l’ouverture automatique des portes. Au Tigre Géant, ils ont posé le bouton, mais pas le système électrique qui va avec », souligne d’un ton perplexe Alexandre Jean.

Démarches infructueuses

Dans l’espoir que certains correctifs soient apportés, Alexandre Jean et Nicolas Claveau ont tenté de se faire entendre par différents moyens.

« On a fait plusieurs rencontres par rapport aux places qui étaient pires que d’autres, parfois même avec des personnes de la ville d’Alma, mais on a compris que personne ne pouvait faire des miracles. »

« Même si j’ai le courriel personnel du maire, c’est comme du temps perdu », conclut Nicolas Claveau.

La ville d’Alma fait de son mieux

Malgré tout, de nombreuses initiatives ont été prises par les élus d’Alma afin de rendre la « ville de l’hospitalité » plus adaptée à la réalité des personnes handicapées.

C’est surtout depuis 2014 que des améliorations ont commencé à voir le jour à Alma. Cette année-là, la municipalité s’est dotée d’un comité composé de représentants du Service des loisirs, des travaux publics, du réseau de la santé et d'organismes communautaires afin d’élaborer un plan d’action pour mieux répondre aux besoins des personnes handicapées.

« Plusieurs passages piétonniers sonores ont été ajoutés pour les personnes non voyantes. Au coin Saint-Luc et Dupont, un aménagement a été fait il y a un an pour permettre aux personnes à mobilité réduite d’avoir un accès plus sécuritaire », mentionne David Comeau, membre du comité et coordonnateur au Service des loisirs et de la culture.

Le Plan d’action à l’égards des personnes handicapées a somme toute permis d’adapter plusieurs secteur de la ville d’Alma à leurs besoins. Cet aménagement au coin de l’avenue du Pont Sud et du boulevard Saint-Luc en est un exemple.

De plus, ce dernier indique que la facilité d’accès est maintenant un critère incontournable lorsque des travaux de voirie sont entrepris.

Le Centre Mario-Tremblay et la Salle Michel-Côté ont aussi eu droit à des ajustements majeurs en termes d’accessibilité aux personnes à mobilité réduite.

Par ailleurs, des recommandations sont systématiquement faites aux nouveaux commerçants qui font leur demande de permis. Sans pouvoir les y obliger, on leur fait part des programmes dont ils pourraient bénéficier en adaptant leur commerce aux personnes à mobilité réduite.

Pas toujours visible

« Il y a beaucoup de réalisations qui ont été faites et il y en a qui se font en continu. Mais tout ne peut pas se faire en un an. Il y a encore du travail, mais je crois que les gens font leur possible », souligne Manon Blackburn, directrice générale de l'Association régionale de loisirs siégeant sur le comité.

Elle poursuit en expliquant qu’il est parfois difficile de rendre les progrès apparents malgré la présence d’un comité, puisque chaque département municipal pose des actions de son côté.

David Comeau est d’ailleurs d’accord sur ce point lorsqu’il dit que « le plus grand défi ce n’est pas tant de faire les actions, mais de les répertorier. »

 

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