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Le plus vieux dépanneur d’Alma maintenant fermé

Yohann Harvey Simard
Le 17 janvier 2024 — Modifié à 07 h 00 min le 17 janvier 2024
Par Yohann Harvey Simard - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Après un siècle passé dans le paysage almatois, le plus vieux dépanneur d’Alma a fermé ses portes en décembre dernier. Il s’agit du dépanneur Chez Jenny, qui se trouvait sur la rue Scott Ouest, entre le boulevard Champlain et l’avenue Nolin.

Cela faisait quatre ans que les propriétaires actuels, Jennifer Vallée et Alain Bélanger, tentaient de vendre leur commerce. Mais alors qu’il leur tardait de prendre leur retraite, faute d’acheteurs, ils ont dû se résoudre à démanteler le dépanneur de quartier pour vendre le bâtiment seulement en tant qu’immeuble à logements.

« Un dépanneur, ça demande beaucoup de temps. Et vu qu’on n’était pas sur les mêmes horaires, on ne se voyait presque pas. Nous avions hâte de retrouver notre vie de couple », confie Jennifer Vallée.

Cette dernière explique que depuis un certain temps, dans le cas des dépanneurs, les institutions financières acceptent seulement de financier le bâtiment et n’accordent plus de prêts pour la marchandise qui s’y trouve au moment du rachat.

« Ça devient donc encore plus compliqué de trouver des acheteurs. On a eu des gens intéressés, mais quand ils apprenaient qu’ils ne pouvaient pas avoir de prêt pour la marchandise, ils nous rappelaient pour nous dire que ça n’allait pas marcher. »

L’inventaire du dépanneur totalisait environ 85 000 $, somme que tous n’ont pas sous leur matelas.

Deuil

Chose certaine, ce n’est pas sans regrets que Jennifer Vallée et Alain Bélanger ont mis la clé sous la porte. Ils auraient bien aimé continuer de voir prospérer le petit dépanneur de quartier dont ils étaient propriétaires depuis 2008 et grâce auquel ils ont tissé tant de liens d’amitié.

« Je me souviendrai toujours de monsieur Léo. Il venait ici depuis des années et il avait l’habitude de m’amener des crêpes au dépanneur pour déjeuner. Un jour, il a dû être hospitalisé et avant de partir à l’hôpital, imaginez-vous qu’il m’a appelée pour me dire qu’il ne pourrait pas m’amener de crêpes ce jour-là. Eh bien, c’est moi qui suis allée lui en porter dans sa chambre d’hôpital! »

Jennifer Vallée ne pourra jamais oublier non plus son monsieur Dufour, « qui venait chercher sa petite bière à tous, tous, tous les jours. Il avait même une chaise près du comptoir. Parfois, il s’assoyait là durant des heures et il m’accompagnait. »

Mais Jennifer Vallée insiste : c’est par dizaines que se comptent les personnes qui lui manqueront. C’est qu’au fil du temps, dit-elle, « nos clients, ils deviennent nos amis. Et pour certains d’entre eux, nous, on devient même leur famille. »

Un 100e dignement souligné

De beaux souvenirs, Jennifer Vallée et Alain Bélanger en auront par ailleurs accumulés jusqu’à la toute fin. Le 8 juillet dernier, ils ont célébré le centième anniversaire du commerce. Pour l’occasion, ils avaient convié amis et clients de longue date à festoyer.

Jennifer Vallée se rappelle que les anecdotes fusaient de toute part alors que les invités dégustaient leurs hot-dogs sur BBQ. Les vétérans du dépanneur relataient notamment leurs souvenirs du temps où le commerce appartenait à telles ou telles autres personnes.

 

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