Plusieurs espèces animales et végétales exotiques envahissantes sont aux portes du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de ses plans d’eau. Les experts en appellent à la prévention et à la vigilance de la population.
Le réseau hydrographique du Saguenay-Lac-Saint jouit d’un certain nombre de facteurs de protection, notamment son éloignement géographique et sa nordicité. Plus particulièrement dans le cas du lac Saint-Jean, les barrages hydroélectriques jouent également un rôle protecteur.
Les lacs et les rivières de la région n’en demeurent pas moins vulnérables aux espèces animales et végétales exotiques envahissantes, ont rappelé des experts dans la cadre du Forum sur la santé des lacs du Saguenay-Lac-Saint-Jean qui s’est tenu la semaine dernière à Alma.
« Les espèces exotiques sont la 2e cause du déclin de la biodiversité. Et une fois qu’elles se sont implantées, on a énormément de misère à les contrôler, et les éradiquer est presque impossible. Alors, on s’entend que c’est très, très important. Et le secret, c’est la prévention », insiste Anne-Marie Bouchard, biologiste de la faune à la direction de la gestion de la faune du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Juste au Canada, dit-elle, 34,5 milliards de dollars sont investis chaque année dans la gestion des espèces exotiques envahissantes. « C’est énorme. »
Poissons envahissants
Des poissons exotiques envahissants sont déjà présents au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Dans certains cas, les envahissements sont causés par des espèces locales qui ont été introduites par l’humain dans des plans d’eau où elles ne se seraient pas retrouvées naturellement.
On dénote notamment la présence du grand brochet dans le lac Otis, du doré jaune dans le bassin versant de la rivière Ouiatchouan, de la barbotte brune dans le lac Kénogami et ailleurs, du crapet-soleil au lac à la Pioche ainsi que de l’achigan à petite-bouche dans le lac des Habitants.
Au sujet de l’achigan à petite-bouche, « ce qu’on redoute, c’est qu’il se retrouve dans le lac Saint-Jean. Ce serait dévastateur », affirme Anne-Marie Bouchard.
Les espèces qualifiées « d’envahissantes » le sont en raison, entre autres, de leur aisance à se reproduire et à prospérer dans diverses conditions. Elles nuisent aux espèces indigènes notamment du fait qu’elles accaparent les stocks de nourriture.
Plantes aquatiques envahissantes
Selon le site sentinelle du MELCCFP, seuls le roseau commun, l’alpiste roseau et l’hydrocharide grenouillette seraient actuellement présents dans la région.
L’hydrocharide grenouillette a été détectée à la Marina de Saint-Henri-de-Taillon ainsi qu’au Petit Marais de Saint-Gédéon.
Yann Arlen-Pouliot, chargé de projet en matière de plantes exotiques envahissantes (PEE) pour le MELCCFP, rappelle que la propagation de PEE peut avoir d’importantes conséquences socioéconomiques.
« Lorsqu’il y a des herbiers très denses, ça peut affecter la qualité de la pêche, la navigation, la baignade, et même faire diminuer la valeur foncière des propriétés riveraines. »
Moyens de prévention
C’est en grande partie aux citoyens que revient le pouvoir de limiter la prolifération des espèces envahissantes, animales ou végétales, et d’empêcher l’introduction de nouvelles.
Pour ce faire, il est fortement recommandé de nettoyer son embarcation lorsqu’on passe d’un plan d’eau à un autre. Rappelons qu’un réseau de 14 stations de lavage est en cours d’implantation dans plusieurs municipalités de la région.
Ensuite, on demande d’éviter d’ensemencer une espèce de poisson dans un plan d’eau où elle ne se retrouve pas naturellement. C’est de cette façon que le crapet-soleil s’est par exemple retrouvé dans le lac à la Pioche.
On invite par ailleurs la population à signaler tout ce qui s’apparente à une espèce envahissante au https://www.pub.enviroweb.gouv.qc.ca/scc/.