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La fascinante histoire de Jerry Fortin

L’artisan derrière les cabanes à oiseaux de Saint-Henri-de-Taillon

Yohann Harvey Simard
Le 22 août 2024 — Modifié à 07 h 00 min le 22 août 2024
Par Yohann Harvey Simard - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Difficile de ne pas détourner le regard lorsqu’on passe devant la multitude de cabanes à oiseaux multicolores le long de la 169, à l’entrée de Saint-Henri-de-Taillon. Elles se trouvent devant la résidence de leur artisan, Jerry Fortin, un personnage bien connu de son secteur pour les meubles en bois qu’il fabrique.

En fait, les cabanes à oiseaux ne sont que les retailles des meubles extérieurs que Jerry Fortin confectionne depuis une vingtaine d’années.

« Au début, je brulais tous mes retailles. Mais un jour, je me suis dit que ça n’avait pas de bon sens de brûler tout ce bois-là. C’était comme de brûler de l’argent clair! C’est comme ça que j’ai commencé à faire des cabanes. »

En plus de pouvoir monnayer les maisonnettes, Jerry Fortin a rapidement constaté qu’elles lui font aussi une publicité efficace.

« C’est fou comment il y a du monde qui s’arrête à cause des cabanes. Il y a en masse de touristes de partout dans le monde. Parfois, je ne comprends même pas ce qu’ils disent! Ils prennent des photos puis ils s’en vont », dit-il en riant.

L’ébéniste de Saint-Henri-de-Taillon qui dit ne jamais vraiment avoir compté ses ventes reste néanmoins certain que des cabanes, il en a vendu par centaines.

Des meubles populaires

La fabrication et la vente de mobilier extérieur demeurent toutefois le principal créneau de l’homme de 46 ans. Là encore, il dit ne jamais avoir gardé le compte de ses ventes, mais ça marche, et même très bien.

Déjà en 2003, lors de sa première année comme artisan, le Taillonais décrochait un contrat auprès du Géant Motorisé de Saint-Ambroise pour la fabrication d’environ 650 tables. Il lui faudra un peu plus de deux ans pour livrer la commande en entier.

Au cours des années suivantes, Jerry Fortin deviendra fournisseur pour de nombreux parcs nationaux de la SÉPAQ, à qui il vend des dizaines de tables. « Des grosses années, j’en ai fait », laisse-t-il entendre, ajoutant qu’il compte aussi plusieurs municipalités parmi ses clients, dont Dolbeau-Mistassini et Alma.

Grave accident de motoneige

Fier de son travail, pour autant, ce n’est pas ce que Jerry Fortin avait prévu de faire dans la vie. C’est que son destin a pris une tournure inattendue après qu’il eut été impliqué dans un grave accident de motoneige à l’âge de 17 ans.

« Je partais du Country Lise et je m’en allais rejoindre mon père à l’Ascension. Malheureusement, je n’ai pas fait mon stop quand j’ai traversé la 169 et je suis rentré dans un char. »

S’en suivent 90 jours de coma pour Jerry Fortin, qui devra ensuite apprendre à vivre des séquelles.

« Les six mois précédant mon accident se sont carrément effacés de ma mémoire. Depuis ce temps-là, j’ai des problèmes de mémoire, des problèmes d’équilibre. Tout mon côté gauche est moins fort que mon droit, mais ça va! »

Jerry Fortin devra par ailleurs faire une croix sur une vie professionnelle conventionnelle. Cela affectera son moral jusqu’au jour où l’idée d’employer ses deux mains pour construire des meubles lui vient comme un éclair.

« J’étais à Cuba avec ma famille, et à un moment donné, tout le monde était debout et je trouvais que ça aurait pris une table. Puis là, je me suis dit que je serais capable, moi, d’en faire des tables chez nous. »

Assurément capable, Jerry Fortin se révélera même particulièrement doué et est maintenant connu « comme Barrabas dans la passion », se plaît à dire son père, Régis Fortin.

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