Je suis inquiète qu’au retour de Noël, les enfants se comparent et qu’ils découvrent que le Père Noël a été plus généreux pour certains. J’ai peur qu’un enfant pense qu’il mérite moins. La magie de Noël est teintée de capitalisme, puis ce sont les yeux brillants des petits qui peuvent en écoper. Quand on parle d’injustice, on a spontanément en tête les enfants de la DPJ, de familles à très bas revenu, mais cette année la ligne transcende. On parle de familles dont les parents travaillent mais qui au bout du mois, arrivent juste à payer loyer, factures et épicerie, ne reste plus rien pour les cadeaux, et ce pour la première fois. Décembre ne fait pas exception quand tu es serré, t’en as pas d’argent, il apparaitra pas.
Hier, j’ai écouté une entrevue très touchante d’Opération Père Noël, un organisme à but non lucratif ayant pour but d’offrir des cadeaux aux enfants vulnérables, partout au Québec, grâce aux donateurs et aux bénévoles. On y racontait que plusieurs enfants ne demandent plus de jouets mais des objets de base comme des boîtes à lunch, des couvertures et des carte-cadeaux d’épicerie pour leurs collations. On la sent, l’austérité. Fait que cette année, parent nanti, mets ton nom à toi sur les gros cadeaux et laisse le père Noel être équitable.
On dit que le temps des fêtes, ça met en lumière l’état de nos situations, si tu es pauvre, tu le sais. Si tu es seul, tu le sens. C’est là que je me questionne sur la magie et le sens de Noël. La naissance de Jésus, pour la majorité, la connotation religieuse n’y est plus, c’est une donnée historique. Maintenant que reste-t-il? Des traditions, le temps sur pause et la fameuse magie. Est-ce que la magie, c’est dans le cadeau, ou dans les yeux brillants de celui qui offre et reçoit? Est-ce que c’est dans le rituel de fabriquer et déposer les biscuits du Père Noël, de garocher des carottes dans rue pour les rennes, de crier HOHOHO quand les petits dorment?
Recevoir sa famille, se rassembler, mettre le temps sur pause, arrêter de travailler, fermer les cadrans et se scrapper la routine.
« C’est pour mieux consommer, m’a dit une personne morose, t’as rien que ça à faire, dépenser. »
Écouter Ciné-Cadeau en pyj, faire un casse-tête en plein après-midi, se mettre à jour sur nos potins, faire des siestes, jouer dehors. C’est gratuit. Puis, c’est de ça qu’on se rappelle, me semble.
J’ai envie de terminer ceci sur une note positive, un appel à la générosité pour ceux qui peuvent se le permettre, via la Guignolée, ou même juste de trier les vieux jouets qui prennent la poussière et aller mener ça à un organisme local qui pourra les relocaliser dans des petites mains qui ont été sages cette année.
J’aimerais aussi en appeler à l’espoir, pour toi que ça stresse, le calendrier de décembre. Baisse la pression et fais confiance que les petits, ce qui les nourrit le plus, c’est toi, ton temps et ton attention réelle, c’est le plus beau cadeau, pour vrai.
Joyeuses fêtes!