(Par Éric Nicol) Le coroner Steeve Poisson qui a enquêté sur la mort de Sylvie Cloutier survenue lors d’un accident sur la route 329, dans les Laurentides, le 11 janvier 2016 demande à la SAAQ de revoir la réglementation sur les bandes de roulement minimales des pneus d’hiver.

L’accident qui a coûté la vie à la dame de 53 ans est survenu alors que les conditions météo étaient difficiles. Sa voiture était alors conduite par sa fille. Après une perte de contrôle, le voiture s’est retrouvée dans la voie inverse et a fait un tête-à-queue. Elle a ensuite été percutée à l’arrière par une camionnette. Lors de l’arrivée des ambulanciers, une vingtaine de minutes plus tard, Sylvie Cloutier était en arrêt cardio-respiratoire. Après que la victime ait été désincarcérée, les manœuvres de réanimation ont été entamées, rapporte le rapport du coroner. Malheureusement, elles n’ont pas porté fruit et la femme est décédée plus tard à l’hôpital de Sainte-Agathe. L’enquête policière n’a trouvé aucun élément criminel, ni aucune négligence dans cet incident.

Lors de son enquête, le coroner s’est attardé à l’épaisseur des bandes de roulement des pneus. Les pneus arrière avaient une épaisseur de 4 et de 5 mm. Sur les côtés, les pneus étaient particulièrement usés : leur bande de roulement variait entre 2 et 3 mm d’épaisseur.

Bien que plusieurs facteurs soient à l’origine du décès de Sylvie Cloutier, le rapport de l’enquêteur de la Sûreté du Québec indique que l’épaisseur de la bande de roulement des pneus pourrait avoir contribué au dérapage fatal.

Le coroner remarque au passage des contradictions entre les exigences de la loi et les recommandations faites par le CAA Québec.

La loi demande que les pneus aient une bande de roulement d’une épaisseur minimale de 1,6 mm pour être utilisés sur les roues non reliées à la direction. C’est une épaisseur qui est nettement insuffisante aux yeux du CAA-Québec qui recommande plutôt des bandes de roulement ayant un minimum de 4,8 mm d’épaisseur au moment de leur installation.

Sylvain Légaré, analyste automobile pour le CAA-Québec, confirme que les recommandations de son organisme sont plus strictes que celles de la loi. Il suggère fortement de ne pas débuter un hiver avec des pneus dont la bande de roulement est inférieure à 6/32 de pouces, soit l’équivalent de 4,8 mm.

Selon M. Légaré, la loi n’est pas assez sévère. « Avec une épaisseur de 2/32 de pouces, ce n’est pas sécuritaire même sur la pluie. Sous de fortes de pluies, on fait de l’aquaplanage. »

Le spécialiste recommande également quatre pneus identiques alors que la loi n’a pas les mêmes exigences pour les roues avant et les roues arrière. « Avec les systèmes ABS aujourd’hui, on a besoin de quatre pneus identiques », mentionne-t-il.

Le coroner Steeve Poisson recommande dans son rapport que la réglementation en vigueur soit revue afin « d’augmenter la profondeur minimale de la bande de roulement des pneus d’hiver tout au long de leur utilisation. »

Directement interpellée par les conclusions du coroner, la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) affirme avoir pris acte des recommandations. La porte-parole de la société, Audrey Chaput, affirme qu’une réponse officielle est en préparation et qu’elle sera rendue publique après avoir été envoyée au coroner.

Vérifier l’état des bandes de roulement de ses pneus peut être fait assez facilement avec un outil fort simple : une pièce de 25 cents. Le CAA-Québec partage ce truc facile sur son site web. On insère dans la rainure du pneu une pièce de 25 cents avec le museau du caribou vers le bas. Si on voit le museau, c’est que le pneu est trop usé. Sylvain Légaré du CAA-Québec recommande aussi l’achat d’une jauge de profondeur qui donnera une lecture plus exacte et qui se vend pour quelques dollars.