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Anticosti: Pétrolia demande une injonction contre Ressources Québec

Le 12 juillet 2016 — Modifié à 00 h 00 min le 12 juillet 2016
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Pétrolia s'adresse aux tribunaux pour forcer Ressources Québec, une filiale d'Investissement Québec, à investir ce qui était prévu pour le projet d'exploitation des hydrocarbures à l'île d'Anticosti.

L'entreprise québécoise a fait savoir par communiqué mardi qu'elle avait déposé une demande d'injonction. C'est un autre épisode dans les frictions entre Pétrolia et le gouvernement Couillard, qui sont partenaires dans l'aventure par l'entremise d'une coentreprise, Hydrocarbures Anticosti.

Pétrolia reproche à Ressources Québec et à un autre partenaire, Saint-Aubin E & P, une filiale de la société française Maurel & Prom, de ne pas respecter leur engagement d'investir 100 millions $ pour financer le programme de travaux exploratoires.

Rappelons que Pétrolia et Corridor Resources avait cédé leurs droits et permis d'exploration sur Anticosti en échange de cet investissement, en vertu d'une entente conclue en 2014 avec le précédent gouvernement péquiste de Pauline Marois.

Pétrolia soutient qu'elle prend ces recours en raison de l'incapacité d'adopter les budgets qui permettraient d'amorcer les travaux cet été.

«Le défaut de Ressources Québec et de Saint-Aubin met en péril le programme d’exploration pétrolière, ce qui risque d’entraîner notamment de nombreuses pertes d’emplois», peut-on lire dans le communiqué.

Le programme d’exploration actuellement en cours sur l’île d’Anticosti vise à déterminer et à valider avec précision le potentiel de cette île en hydrocarbure.

Les trois forages ont été permis en juin par la voie de quatre certificats d'autorisation du ministère de l'Environnement. Aussitôt autorisés, les forages ont suscité une autre controverse, puisqu'ils nécessiteront le pompage de 30 millions de litres d'eau à même des rivières à saumon

Depuis sa participation à la Conférence internationale sur les changements climatiques des Nations unies à Paris en décembre 2015, le premier ministre Philippe Couillard ne cesse de se dissocier du projet d'exploitation des hydrocarbures sur Anticosti.

Couillard comprend les préoccupations autochtones

Le premier ministre Philippe Couillard comprend les préoccupations des autochtones qui veulent bloquer un projet d'exploration d'hydrocarbures sur l'île d'Anticosti.

En mission en Europe, M. Couillard a affirmé mardi que l'opérateur du projet, la société Pétrolia, ne les a pas suffisamment consultés.

Selon le premier ministre, la demande d'injonction que s'apprête à déposer une communauté innue de la Côte-Nord est le résultat de cette communication déficiente.

M. Couillard a affirmé qu'il est mal à l'aise avec l'utilisation de l'eau de l'île qui servira aux opérations de forage par fracturation hydraulique, qui ont récemment reçu l'autorisation du ministère de l'Environnement.

Environ 30 millions de litres d'eau de cours d'eau sur l'île, dont deux rivières à saumons en voie de disparition, seront utilisés pour les trois puits.

M. Couillard a estimé que le gouvernement fédéral pourrait encore avoir son mot à dire sur l'impact de l'exploration sur les populations de saumons d'Anticosti.

Dans un point de presse qui a suivi une visite du port de Hambourg, M. Couillard a affirmé qu'il n'est pas favorable au projet de blocus des autochtones de Mingan, si jamais leur injonction est refusée par les tribunaux.

M. Couillard a établi un parallèle entre l'opposition des autochtones de l'Assemblée des Premières nations au projet d'oléoduc TransCanada Énergie-Est et le projet sur Anticosti.

«On n'est pas en 1980, a-t-il dit. Les projets de ressources naturelles dans les territoires revendiqués par les Premières nations doivent comprendre au minimum la consultation des Premières nations, ce n'est pas mineur ce qui se passe, pas plus que pour ce qui est arrivé avec l'Assemblée et le projet de TransCanada. Que pour ce projet là je les comprends très bien d'être proccupés bien sûr.»

M. Couillard a exprimé son malaise face à l'implication financière du gouvernement dans le projet, pour lequel les premiers pourparlers ont commencé en 2012 quand les libéraux étaient au pouvoir.

«Mais non je ne suis pas à l'aise, je l'ai dit l'autre jour, je regrette beaucoup que ce soit le cas, a-t-il dit. Mais moi je suis pris avec le contrat que le PQ a signé en campagne électorale, c'est exactement ça la situation. C'est terrible 30 millions (de litres) d'eau dans une rivière à saumons.»

La Presse Canadienne

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