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« Faire la lutte à la pauvreté ne veut pas dire faire la guerre aux pauvres... »

Le 04 février 2015 — Modifié à 00 h 00 min le 04 février 2015
Par Karine Desrosiers

DÉNONCIATION. Manon Girard, directrice générale de l'organisme Accès conditions vie Lac-Saint-Jean-Est, y va d'une charge à fond de train sur le Projet de modification du règlement d’aide sociale, estimant que ce sont encore les mêmes qui vont devoir se serrer la ceinture. Au ministre François Blais, elle lance le message suivant: « faire la lutte à la pauvreté ne veut pas dire faire la guerre aux pauvres... »

« Le gouvernement du Québec a annoncé un autre « régime minceur » à l’aide sociale… Il semble bien que le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, préfère voir la paille dans l’œil des personnes assistées sociales plutôt que de voir la poutre qui mine les programmes d’aide financière de dernier recours, à savoir l’insuffisance du montant des prestations », lance dans un premier temps Manon Girard.

Aux dires du ministre Blais, ces modifications réglementaires permettront d’économiser entre 10 et 15 millions $ par année. Toutefois, de son propre aveu, le gouvernement ne vise pas tant à faire des économies qu’à mettre fin à des pratiques qu’il juge abusives, bien qu’elles soient tout à fait légales.

Ce discours, selon l'organisme de défense des droits, ressemble beaucoup à celui de sa prédécesseure, Mme Agnès Maltais, qui avait aboli en 2013 la prestation pour contraintes temporaires à l’emploi pour les familles biparentales avec un enfant de moins de 5 ans et les personnes âgées de 55 à 57 ans.

« Les modifications envisagées s’inscrivent dans un climat d’austérité où, en théorie, chacun doit faire sa part, mais où, dans les faits, ce sont toujours les mêmes à qui le gouvernement demande de se serrer la ceinture ! Il n’est peut-être pas inutile de rappeler que pas plus tard qu’en 2014, le gouvernement a aboli le supplément de 500 $ pour le retour au travail des personnes assistées sociales, ainsi que le Programme alternative jeunesse », rappelle Manon Girard.

Cette dernière maintient que les modifications que propose le gouvernement sont empreintes de préjugés à l’égard des personnes assistées sociales. Elles laissent planer un doute sur leur honnêteté.

Accès conditions vie Lac-Saint-Jean-Est s’indigne du fait qu’un ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale préfère encore une fois agir sur de prétendus « abus » plutôt que de lutter contre la pauvreté et les préjugés envers les personnes en situation de pauvreté.

« Les modifications proposées au règlement d’aide sociale auront pour résultat d’appauvrir des personnes qui, à l’heure actuelle, ne couvrent même pas leurs besoins de base. C’est pourquoi elles sont absolument inacceptables. Il est vrai que ces mesures ne vont toucher qu’une minorité de personnes, mais à chaque changement de gouvernement, il y a des coupures qui ne touchent qu’une minorité de personnes. C'est assez!!! », lance la directrice générale.

Et d'ajouter: « Pourquoi cibler ceux qui sont déjà les plus pauvres pour faire des économies, au lieu de regarder où s’en va l’argent des plus riches? L’allocation de 704 $ par mois pour une personne seule suffirait à peine à couvrir les besoins de base. Il en faudrait 1437 $, selon les chiffres du Centre d’étude sur la pauvreté et l’exclusion du Québec. »

Manon Girard, au nom des gens qu'elle représente lance un message très clair: « M. Blais, vous devez recentrer vos efforts autour d’une amélioration du revenu des personnes assistées sociales. La première mesure à prendre à l'aide sociale n'est surtout pas des coupures, ni une «augmentation» des prestations, mais bel et bien un simple ''rattrapage'' par leurs indexations au coût de la vie. Les mesures restreignant les prestations entretiennent l’idée fausse selon laquelle les bénéficiaires de l’aide sociale sont des fraudeurs et qu’il faut couper dans leurs chèques pour les remettre au travail. Pourtant, les études démontrent l'inverse, c’est en donnant un revenu décent et en leur offrant plus de soutien par le biais de programmes d’aide que ces personnes pourront quitter l’aide sociale », de conclure Manon Girard.

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