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Jumelage Alma-Falaise : Que reste-t-il de cette époque?

Le 09 octobre 2020 — Modifié à 11 h 50 min le 09 octobre 2020
Par Julien B. Gauthier

Pendant des décennies, Alma et Falaise en France ont entretenu des correspondances, ont échangé leur savoir et ont accueilli des délégations de part et d’autre. « Une sympathie profonde existe entre les citoyens d’Alma et ceux de Falaise », affirmait même le maire de Falaise, Paul German en 1969. Retour sur l’histoire d’un jumelage oublié.

C’est que la Ville de Falaise a été libérée le 17 août 1944 des Allemands pendant la bataille de Normandie. Ce fut le Régiment des fusilleurs Mont-Royal de l’Armée canadienne, qui procéda à la libération, avec en son sein, une famille de soldats d’Alma.

Afin de souligner le 25e anniversaire de cet événement, des Falaisiens ont entrepris des démarches afin de rendre honneur à leurs sauveurs.

C’est donc pourquoi, le 29 mars 1969, à Alma, fut officiellement proclamé le jumelage Alma-Falaise. Une impressionnante démonstration d’amitié s’est tenue à l’hôtel de ville ce soir-là, en compagnie du maire d’Alma de l’époque, Maurice Paradis, et de son homologue falaisien, Paul German. C’était le début d’une grande relation de fraternité entre les deux villes.

Fraternité

Le document de la promulgation du jumelage encourageait notamment les « hôteliers, moteliers, restaurateurs, marchands ainsi que les citoyens de la Cité d’Alma d’accueillir de façon particulière les touristes venant de la Normandie et plus particulièrement, de Falaise ».

On décida également que le 17 août soit nommé la Journée Falaise à Alma, coïncidant avec la date de la libération de la petite ville de Normandie.

Au cours des années 1970, les délégations de part et d’autre se sont multipliées afin d’entretenir les relations entre les citoyens des deux villes. Les relations ont toutefois commencé à s’essouffler dans les années 1980.

Vestiges

« Nos relations avec vous tous sont plus que des relations d’amitié, car ces sortes de liaisons peuvent parfois être oubliées, mais entre nous, ce sont des véritables relations de familles qui dureront toujours », affirmait le maire de Falaise, le 29 mars 1969, tel que relaté par le Progrès-Dimanche.

Ironiquement, il reste peu de choses de ce jumelage. La plaque commémorative apposée sur la façade de l’Hôtel de Ville d’Alma est difficilement visible, cachée derrière des arbres.

Il existe à Alma le Parc Falaise, l’avenue Falaise, l’avenue de Normandie et le CHSLD le Normandie. À Falaise, il y a la rue Alma ainsi que la Résidence pour retraités Alma.

En octobre 2019, année du 75e anniversaire de la libération de Falaise, une commémoration discrète s’est tenue à l’Église Saint-Joseph d’Alma, en compagnie du capitaine Raymond Boulianne de la Légion royale canadienne.

Les jumelages, une affaire du passé?

Bernard Victor était l’instigateur du jumelage à Falaise. Aujourd’hui âgé de 92 ans, il réside toujours à Falaise et garde d’excellents souvenirs de sa visite à Alma en 1970. (Photo : Courtoisie Ouest-France)

Si les jumelages de villes ont déjà eu la « cotte », aujourd’hui, c’est loin d’être le cas, comme le constate Bernard Victor, qui fut à la tête du comité de jumelage à Falaise pendant près de 40 ans. L’homme garde toutefois d’excellents souvenirs de sa seule et unique visite à Alma, en juin 1970.

« Lorsque nous sommes arrivés à l’aéroport de Bagotville, on nous avait réservé une surprise. Toutes les lumières de l’avion s’étaient éteintes et on avait vu passer dans le ciel un escadron de la Royal Air Force Canadienne qui avait lâché de la fumée bleu blanc rouge, les couleurs du drapeau français. C’était grandiose et impressionnant », se remémore l’homme maintenant âgé de 92 ans.

Ce dernier, qui réside toujours à Falaise, avait été mandaté pour bâtir les relations avec Alma dès 1967. Une résidente d’Alma, aujourd’hui âgée de 97 ans, Geneviève Dufour, était l’une des personnes chargées de former un comité à Alma, par le biais de l’Association Canada-Normandie d’Alma, et de convaincre la municipalité d’aller de l’avant.

Tentatives de redémarrage

Après quelques tentatives infructueuses pour raviver la flamme qui unissait les deux villes, Bernard Victor et Geneviève Dufour se sont butés à un mur en 2007.

« Nos villes ont eu beaucoup de correspondances. C’était une ouverture vers un monde nouveau. Un jour, le maire d’Alma, à l’époque Gérald Scullion, nous a formulé une fin de non-recevoir. Les jumelages ne sont plus tellement à la mode. À une époque, c’était la folie furieuse, et maintenant les gens ont presque tout vu, ils préfèrent faire des choses individuelles », affirme-t-il.

Tout comme Marc Asselin, il admet que les délégations ont perdu leur côté symbolique. Ce qui compte, dorénavant, c’est ce qu’elles apportent sur le plan financier et du savoir.

« Redémarrer le jumelage ne m’a jamais effleuré l’esprit. Il y a une culture en France que nous n’avons pas nécessairement. J’ai eu à me déplacer souvent dans le cadre de mes fonctions. De nos jours, ont fait surtout des voyages d’affaires qui ont comme notion, le résultat », affirme le maire d’Alma.

Deux villes différentes

Signe d’une époque révolue, Bernard Victor constate que les deux villes ont peu de chose en commun. Falaise s’est peu développée. Elle est demeurée une modeste municipalité de 8 000 âmes, grandement affectée par la fermeture de Moulinex en 2001, causant 800 pertes d’emplois.

De son côté, Alma s’est développée sur le plan économique, culturel et technologique, notamment par l’arrivée d’une nouvelle usine d’aluminium et devenant la 36e ville en importance au Québec sur le plan démographique.

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