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La gourgane : Un potentiel méconnu!

Le 04 décembre 2020 — Modifié à 16 h 09 min le 04 décembre 2020
Par Julien B. Gauthier

La gourgane, cette légumineuse surtout populaire dans la soupe, est au cœur de vastes projets des recherches au centre collégial de transfert technologique Agrinova d’Alma. L’organisation travaille actuellement avec plusieurs fermes afin de développer tout le potentiel qui s’y cache derrière.

Selon le Guide de la production de la gourgane d’Agrinova, la gourgane permet de diminuer les coûts de nourriture pour le bétail. Contrairement au soja, dont l’huile doit être enlevée au préalable, la gourgane peut être servie au troupeau de façon brute et grossièrement broyée sans être transformée. Elle représente aussi un aliment équilibré en énergie, en amidon et en protéines.

Le climat frais et humide du Saguenay-Lac-Saint-Jean est d’autant plus propice à la culture de la gourgane, comparativement au soja, qui nécessite un climat chaud.

Recherches

Agrinova est un centre collégial de transfert technologique relié au Collège d’Alma qui emploie une trentaine de personnes. Ayant 20 ans d’existence, son siège social est situé à Alma. (Photo : Courtoisie)

« L’idée est d’introduire un nouvel aliment qui n’était pas courant dans l’alimentation des vaches laitières. C’est une graine très complète pour leur alimentation au niveau protéique. C’est très riche en amidons », explique Stéphanie Claveau, cheffe d'équipe en productions animales et fourragères.

Si l’alimentation grâce à la gourgane représente un avantage, son utilisation comportementale semble également avoir des effets positifs pour inciter les vaches à se faire traire. Une étude a été réalisée dans une ferme de la région à cet effet.

« Quand les vaches vont au robot de traite, on va essayer de les attirer et de les entrainer à se faire traire grâce à un concentré de gourgane. Jusqu’à présent, ça a vraiment bien fonctionné », ajoute-t-elle.

Une autre recherche a été réalisée par Agrinova chez quatre producteurs laitiers de la région pour tenter de réduire l’émission des gaz à effets de serre produits par les vaches grâce à la gourgane. D’une durée de trois ans, l’étude n’a toutefois pas été concluante, car la gourgane n’a ni réduit, ni augmenté la production de méthane des bétails.

Nutriments

Lorsqu’utilisée en rotation de culture, la gourgane apporte également son lot d’effets bénéfiques sur la qualité de la terre.

Le directeur général d’Agrinova, Martin Garon explique : « La gourgane a un excellent potentiel au niveau alimentaire, particulièrement lorsqu’on l’utilise pendant une année dans le cadre d’une rotation de culture. Ça fixe l’azote dans le sol, ça coupe les maladies au niveau des céréales et ça évite d’utiliser des fertilisants chimiques ».

Vers une révolution de la gourgane?

Selon les recherches d’Agrinova, la gourgane est une source de protéine riche en amidons pour les vaches laitières. Elle permet notamment de diminuer les coûts de concentrés alimentaires. (Photo : Trium Médias - Julien B. Gauthier)

À l’image du bleuet dont la popularité a explosé dans les dernières décennies, la gourgane pourrait bien subir la même « révolution », croit Éloi Truchon, producteur de gourgane blanche à la Ferme Éloïse d’Alma depuis 25 ans.

La ferme a fracassé un record de récoltes cette année avec de 300 000 livres. C’est une augmentation de 300 % comparativement à 2019, alors que le bilan était de 75 000 livres.

« Je crois que ça va faire comme le bleuet. On est rendus à 75 millions de livres dans la région, et si tu recules de 25 ans, c’était beaucoup moins. Ils ont développé le marché. Ils se sont ajustés à la demande, ils ont acheté de l’équipement. Il faut faire la même chose avec la gourgane », affirme le producteur.

L’arrivée récente des burgers végétaux à base de gourgane de <@Ri>Vivanda Boréal<@$p> et la hausse en popularité du végétarisme sont l’un des signaux qui laissent croire que la demande de la gourgane augmentera. La région pourrait être au cœur de cette future révolution en raison du climat favorable.

« D’après moi, les burgers vont fonctionner. C’est une idée qui pourrait sortir de la région. De plus, il y a beaucoup plus de gens qui mangent moins de viande. Évidemment, ça va prendre du volume, du stock pour les fournir », prévoit-il.

Équipement nécessaire

Éloi Truchon travaille de pair avec Agrinova depuis quelques années. Il a notamment aidé à l’élaboration du Guide de la production de la gourgane. Actuellement, le défi est l’obtention d’une batteuse adaptée à la récolte de la gourgane. Au coût avoisinant le 1 M$, il n’y en a qu’une seule dans la région.

« On en a déjà une, mais elle ne répond pas à la demande. Et cueillir à la main, on oublie ça! Cette machine, en plus de les récolter, les écaille. Elles sont aussitôt prêtes à être congelées. C’est comme les poids verts qu’on achète à l’épicerie. Ils sont écaillés à même la machine. Agrinova met beaucoup d’énergie dans le dossier pour aller chercher de l’aide. »

Car en plus d’être un important producteur de gourganes, la Ferme Éloïse fournit la majeure partie des épiceries de la région. Elle fait affaire avec la Congèlerie Héritier à Normandin et Légunord pour l’emballage et la distribution.

De plus, l’alimentation des porcs de la ferme familiale est composée de gourganes à 10%, ce qui remplace le soja.

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