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Le point de rupture est atteint

Yohann Harvey Simard
Le 06 février 2021 — Modifié à 11 h 35 min le 06 février 2021
Par Yohann Harvey Simard - Journaliste de l'Initiative de journalisme local

Que ce soit directement ou indirectement, les entrepreneurs en récolte forestière sont un rouage important de l’économie locale. À ce rythme, ils ne pourront plus l’être très longtemps.

« On a atteint un point de rupture. La machinerie est plus performante et les méthodes de récolte se sont améliorées, mais la limite est atteinte. Les industriels, pour éviter d’augmenter les prix, ont tenté de jouer avec les volumes, mais ça ne fonctionne plus », fait valoir Louis Dupuis, consultant et spécialiste dans le financement de machinerie lourde.

Historiquement, quand un secteur de coupe moins intéressant était attribué à un entrepreneur forestier, que ce soit en raison du relief, de la densité des peuplements ou autres, les industriels compensaient en offrant par la suite un secteur où le rendement allait être supérieur.

Or, on est arrivé au bout de cette logique, affirme Louis Dupuis. C’était envisageable à l’époque où une récolte hebdomadaire de 1 100 mètres cubes permettait de tirer un profit, mais pas lorsque le seuil de rentabilité se situe à autour de 1 400 mètres cubes.

« Si tu dois faire 10 semaines dans un secteur difficile où tu ne récoltes que 900 mètres cubes par semaine, c’est impensable de croire que tu pourras compenser avec 10 semaines à maintenir 1800 à 1 900 mètres cubes. La forêt n’est pas égale et les arbres ne sont pas plus gros parce qu’il y a eu de l’inflation. »

Ajustements nécessaires

Tôt ou tard, les industriels devront prendre acte de cette réalité, sans quoi il ne se trouvera plus d’entrepreneurs forestiers pour assurer la récolte et le transport.

« Les industriels veulent maximiser leur rentabilité. C’est correct, mais si tu ne t’assures pas que tes collaborateurs et sous-traitants tirent eux aussi un profit de leur travail, ça ne fonctionnera pas. Les arbres n’arriveront pas tout seuls dans la cour des scieries. C’est une question de pérennité pour cette activité. »

Relève

Et l’un des contrecoups de cette réalité, c’est la difficulté à attirer une relève en foresterie. On ne se bouscule pas aux portes pour acquérir des équipements pour plusieurs millions de dollars en sachant que la rentabilité est incertaine.

Depuis son bureau situé au Saguenay-Lac-Saint-Jean, Louis Dupuis a financé pour au-delà de 100 M$ en machinerie forestière depuis 1997. Et il constate sans équivoque que la relève est de moins en moins présente.

« C’est définitif. Pour attirer des personnes qualifiées, avec ce qu’implique comme sacrifice sur la vie personnelle d’être constamment en forêt, je pense qu’il est parfaitement normal qu’un entrepreneur puisse viser un bénéfice net de 10%. On vit une pénurie d’entrepreneurs en forêt et ça fait partie de l’équation. »

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