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Les motoneiges modifiées: la bête noire dans les sentiers

Le 25 janvier 2011 — Modifié à 00 h 00 min le 25 janvier 2011
Par Karine Desrosiers

Après un début de saison chaotique, les Clubs de motoneige sont aux prises avec un autre sérieux problème: les motoneiges dont on a modifié volontairement le système d’échappement, rendant les véhicules extrêmement bruyants alors que la tendance de l’industrie est de produire des véhicules de plus en plus silencieux. Avec le projet de Loi qui vise dès la saison 2011-2012 à interdire la circulation des motoneiges entre 22 h et 6 h, cette façon de faire ajoute un argument de poids à ceux qui prônent un contrôle de la circulation des motoneiges la nuit.

Jean-Sébastien Martel, vice-président de l’Union des motoneigistes du Lac-St-Jean-Est, dénonce avec vigueur les usagers de la motoneige qui modifient ainsi leur véhicule, les rendant ainsi « hors la loi » car ils contreviennent au Code de la sécurité routière.

« On a fait des représentations auprès des concessionnaires et revendeurs de pièces de motoneige pour les sensibiliser à ce problème. Malheureusement, on peut encore se procurer ce genre de pièce de modification des résonateurs pour quelque 300 $. Si la vente est légale, l’installation sur une motoneige qui circule dans les sentiers fédérés est quant à elle illégale », déplore Jean-Sébastien Martel.

L’UDM part en guerre contre cette pratique qui s’apparente aux véhicules automobiles modifiés avec des systèmes d’échappement non-conformes et qui augmentent de façon importante le bruit du moteur du véhicule.

Campagne de dénonciation

Pour contrer le phénomène des silencieux modifiés sur les motoneiges, l’UDM lance une campagne de dénonciation des fautifs et installe présentement aux endroits stratégiques de ses sentiers une affiche très explicite en ce sens.

On peut y lire le message suivant : « Attention avis aux vrais motoneigistes : Nous avons dans nos sentiers des parasites qu’on appelle les échappements modifiés (pipe, carotte, etc…) qui nous font perdre nos droits de passage et donnent naissance à de nouvelles réglementations nous empêchant de circuler la nuit. S.V.P., aidez-nous à les éliminer avant qu’eux nous éliminent. On vous a à l’oreille !». Le tout est signé « Les bénévoles essoufflés ».

« Le problème, c’est qu’il est relativement facile de se procurer sur le marché ces pipes ou carottes comme on dit dans le jargon. Souvent, on a juste deux ressorts à démonter et en quelques minutes, le résonateur d’origine a été remplacé par cet équipement qui rend la motoneige extrêmement bruyante. Le hic et contrairement à ce que les gens pensent, c’est que cette modification n’apporte absolument aucun gain de puissance à la motoneige et très souvent, ça va même réduire sa performance », souligne Jean-Sébastien Martel qui œuvre depuis plus de 15 ans dans le monde de la motoneige et qui en connait très long sur le sujet.

Pour augmenter la puissance d’une motoneige, ça prend un savant calcul des dimensions et de la configuration du système d’échappement, le tout jumelé obligatoirement avec une modification de l’alimentation en air et en carburant au niveau du moteur.

Dans le cas présent, on ne fait que modifier le système d’échappement, rendant la motoneige plus bruyante et très souvent, moins performante.

« C’est très sérieux comme enjeu. Chez-nous (Bombardier) déjà, en 2003, lors d’une rencontre des concessionnaires du Québec, le directeur provincial nous avait lancé un ultimatum : s’il apprenait qu’un concessionnaire de la marque vendait ce genre d’équipement pour modifier le système d’échappement, le fautif se verrait tout simplement retiré sa concession. On était alors en plein dossier du sentier du Petit train du Nord qui a donné le ton pour éloigner les motoneige des zones habitées » souligne Jean-Sébastien Martel.

Naturellement, les patrouilleurs et les policiers de la Sûreté du Québec sont au fait de ce problème et travaillent de concert pour enrayer le fléau.

Quant aux motoneigistes qui respectent la loi, on les incite à faire sentir aux fautifs qu’ils dérangent et surtout, que leur attitude risque de mettre en péril les droits de passage durement acquis. Notamment, dans les sentiers près des résidences, les risques de plaintes augmentent considérablement, nuisant ainsi à l’ensemble du monde de la motoneige.

Les policiers sont sur les pistes… et aux aguets!

Sensibilisés à la problématique des motoneiges dont on a modifié intentionnellement le système d’échappement, les patrouilleurs en motoneige de la Sûreté du Québec vont porter une attention particulière à ce problème et sévir en conséquence.

« Je viens justement de compléter la programmation de la patrouille à motoneige et ce sont plus de 218 heures de patrouille qui seront effectuées au cours des prochaines semaines le jour, le soir et les fins de semaine sur le territoire et cette problématique des motoneige modifiées sera particulièrement surveillée par nos agents », souligne le directeur adjoint du poste de la Sûreté du Québec de la MRC Lac-St-Jean-Est, le lieutenant Sylvain Dufour.

Cette question a été abordée au Comité de sécurité publique et la SQ verra à faire respecter la réglementation.

« Tout comme les automobiles, modifier le système d’échappement d’une motoneige, c’est illégal et ce sont les mêmes règlements qui s’appliquent », soutient le Lt Dufour.

Avec un effectif de deux motoneiges de patrouilles et de 12 policiers qui ont reçu la formation spéciale pour ce genre de patrouilles, le Lieutenant Dufour entend mettre en place une programmation de patrouille qui coïncidera aux moments forts où l’on risque de retrouver le plus grand nombre de motoneigistes dans les sentiers, soit le soir et les fins de semaine.

Ce travail se fera soit de façon indépendante ou encore, en compagnie des patrouilleurs de sentiers des Clubs de motoneige pour bien démontrer que ces patrouilleurs ont également des droits très précis pour intervenir et émettre des billets d’infraction pour ceux qui ne respectent pas les règles, qui n’ont pas leur droit d’accès ou encore, qui circulent avec des véhicules modifiés.

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