Vendredi, 26 avril 2024

Économie

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Industrie de l’aluminium : De l’optimisme en 2021

Le 04 janvier 2021 — Modifié à 10 h 18 min le 04 janvier 2021
Par Julien B. Gauthier

L’industrie de l’aluminium au Canada et au Québec était sur une bonne lancée au début de l’année 2020, avant que ne frappe la pandémie. Alors que la relance économique pointe à l’horizon, 2021 est vue avec optimisme par l’Association de l'aluminium du Canada, AluQuébec et la Société de la Vallée de L'aluminium.

C’est que l’industrie de l’aluminium part déjà en main un tout nouvel accord de libre-échange nord-américain entré en vigueur le 1er juillet dernier, l’ACEUM, qui fait consensus au sein des tenants de l’industrie. Qui plus est, l’arrivée au pouvoir de Joe Biden comme président des États-Unis rime prévisibilité, dialogue et stabilité.

« On passe d’un président de confrontation à un président de collaboration. On passe du flou à la transparence. C’est un ami du Canada de toute évidence. Déjà, il s’est engagé envers le multilatéralisme, à travailler avec des alliés stratégiques et surtout, des alliés historiques comme le Canada, contrairement à son prédécesseur qui s’isolait », croit Jean Simard, président et chef de la direction de l’Association de l'aluminium du Canada

Reprise économique durable?

Le début de la pandémie a créé plusieurs trous dans la chaine d’approvisionnement de la fabrication de l’aluminium. Une période « chaotique », selon le PDG d’AluQuébec, Martin Charron. L’arrêt complet des usines de fabrication d’automobile partout dans le monde a été un coup dur.

Martin Charron, PDG d’AluQuébec, croit que le Québec est bien positionné pour la relance. (Photo : Courtoisie)

Malgré tout, la reprise est très bien entamée, plus particulièrement dans les secteurs des transports et de la construction.

« Quand on regarde les marchés, il y a clairement une demande. Les alumineries américaines ne peuvent pas suffire pour leur propre marché. De grands projets d’infrastructures s’en viennent », ajoute-t-il.

Une question perdure néanmoins pour Martin Charron. Cette reprise saura-t-elle perdurer dans le temps?

« La question qui se pose, c’est de savoir si c’est une reprise qui peut être durable, ou encore, si on ne fait que rattraper les commandes qui avaient été mises de côté. Je pense qu’il y a un peu des deux », analyse-t-il.

Le Québec bien positionné

Chose certaine, la relance économique dans le secteur de l’aluminium devra aller de pair avec la notion de la réduction de l’empreinte carbone, un concept qui prend de plus en plus d’importance auprès des entreprises lorsque vient le temps d’acquérir de l’aluminium.

« Le choix des entreprises par rapport à leur approvisionnement en aluminium va se faire de façon beaucoup plus avisée. Le Québec est très bien positionné pour deux raisons : l’hydroélectricité et les efforts effectués par Rio Tinto, Alcoa et Alouette en la matière », ajoute le PDG d’AluQuébec.

Société de la Vallée de L’aluminium : Une aide substantielle

La Société de la Vallée de L’aluminium (SVA) a investi près de 400 000 $ pour aider des initiatives innovantes dans la transformation d’aluminium Christian Fillion, directeur général de la SVA. (Photo : Courtoisie)

La pandémie n’a pas eu que des effets négatifs. Elle a permis à des entrepreneurs spécialisés dans la transformation de l’aluminium de créer de nouveaux produits. Par son fonds Rio Tinto pour la Vallée de l’aluminium, la Société de la Vallée de L’aluminium (SVA) a notamment investi près de 400 000 $ depuis mars pour plusieurs projets dans la région.

Certaines entreprises ont notamment créé des équipements sanitaires comme des stations de lavage à main ou encore des contours de plexiglas. D’autres, comme Aqua Fjord, se sont lancées dans l’embouteillage d’eau dans des contenants d’aluminium.

Des projets innovants, selon Christian Fillion, directeur général de la SVA, qui constate d’un bon œil que le secteur de la transformation dans la région est sur une bonne lancée. « C’est très positif. Ça prouve que le domaine de la transformation est en hausse dans la région. On a rencontré pas moins d’une trentaine de PME et on en a aidé 18 grâce à ce fonds non remboursable, ce qui est non négligeable pour une jeune entreprise. »

Le fonds Rio Tinto pour la Vallée de l’aluminium vise à encourager le développement d’un nouveau produit ou pour aider le démarrage d’une entreprise dont le but est de concevoir des produits innovants. La subvention est de 25 000 $ maximum.

Défis

La relance économique en 2021 passe notamment par une plus grande indépendance régionale pour l’industrie, selon le DG.

« L’économie circulaire, c’est notre grand objectif en 2021, tant pour l’aluminium chaud que liquide. On veut réduire notre dépendance aux autres. Tous les résidus de production d’alumine doivent être retraités ici en région », explique-t-il.

En ce sens, Rio Tinto a récemment investi 11 M$ pour la mise en place d’un four à l’usine de Laterrière, qui permettra de recycler 22 000 tonnes d’aluminium par année. Cet investissement recyclera 100 % des recoupes d’aluminium, facilitant ainsi l’atteinte d’une économie circulaire.

Révolution 4.0

À plus long terme, la SVA souhaite que l’aluminium de la région prenne part à « Révolution 4.0 » qui vise une plus grande automatisation des équipements et la création d’un réseau de communication permettant aux machines des communiquer entre elles.

« C’est faire en sorte que les équipements se parlent entre eux, qu’il y ait un suivi des données, qu’il y ait un ajustement en temps réel pour augmenter la productivité. Le travail des gens va être appelé à changer. On va avoir encore besoin des gens, mais de façon différente, notamment dans l’informatique. Ça ne se fera pas du jour au lendemain », conclut Christian Fillion.

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