Le bas niveau des eaux du lac Saint-Jean observé ces derniers jours cause bien des maux de têtes aux plaisanciers. Des embarcations ont même été retirées de l’eau dans certains secteurs, une situation qui n’est pas sans rappeler celle vécue il y a à peine deux ans. Rio Tinto dit respecter les paramètres gouvernementaux autorisés en matière de gestion hydrique et agir selon les mêmes standards.
La multinationale rappelle qu’elle ne contrôle que 25 % des apports en eau dans le lac Saint-Jean et que plusieurs facteurs, jumelés aux temps chauds qui perdurent, ont pour effet de contribuer à abaisser le niveau du lac.
Roger Tremblay dont l’embarcation a son port d’attache à la baie Truchon (secteur Saint-Henri-de-Taillon), à l’entrée de la Grande-Décharge, est du nombre des plaisanciers qui ont dû retirer leur bateau de l’eau en raison de son bas niveau.
« C’est inquiétant, il n’y a plus assez d’eau. On est une dizaine d’embarcations ici. Habituellement, ça arrive beaucoup plus tard dans l’été, vers la mi-août, mais cette année c’est du jamais vu aussi tôt en saison. »
Il pointe du doigt Rio Tinto pour les inconvénients que subissent les plaisanciers.
« Depuis trois ans, c’est l’enfer. Quand c’était Alcan, on ne vivait pas de telles situations », affirme-t-il.
L’embarcation de Keven Bouchard est amarrée dans le secteur de la Dam-en-Terre. Ils sont une vingtaine dans son coin et il déplore la situation lui aussi. Plusieurs ont dû sortir leur bateau de l’eau.
« C’est terrible et j’espère que la situation va s’améliorer. »
Lui aussi estime que Rio Tinto a sa grosse part de responsabilité. « Avant, avec Alcan, ces choses-là n’arrivaient pas. Même les motomarines, qui n’ont pas besoin de beaucoup d’eau, ont de la misère », lance-t-il.
D’un endroit à l’autre
Laurent-Paul Chartier est président de Riverains Lac-Saint-Jean 2000. Il demeure dans le secteur de la Pointe de Saint-Méthode. Lui aussi observe le retrait de plusieurs bateaux des eaux dans son secteur.
« Jusqu’à maintenant, ça ressemble à il y a deux ans. Ça ne s’annonce pas bien et je dirais que cette année est parmi les pires ».
Son regroupement de riverains a rencontré Rio Tinto la dernière fois en juin dernier pour évaluer la situation.
« Quand on est riverain, il faut s’attendre à ça et on doit vivre avec la nature. On a eu de fortes pluies récemment, mais c’était de courte durée et dans quelques secteurs seulement. Ça va prendre beaucoup de pluie et sur l’ensemble de la région, pour que la situation soit renversée », espère Laurent-Paul Chartier.
Sur la rivière Mistassini, le Club nautique de Dolbeau-Mistassini a dû déplacer ses balises à plusieurs reprises déjà.
« La rivière est hasardeuse à naviguer et il y a des endroits où on est à la limite pour pouvoir passer, car il ne reste que 3 pieds d’eau dans notre chenail. Ça commence à devenir assez dramatique », fait valoir Dave Bérubé, président du club nautique.
Plus chanceux
D’autres sont plus chanceux, comme à la marina de Roberval. En date du 5 juillet du moins, on ne signalait aucun problème de navigation.
Gérard Brassard est le directeur général du club nautique de l’endroit.
« Pour le moment, tout est normal ici. Ça se passe bien. Si le lac devait descendre autour de 13 pieds, là on va s’inquiéter ».
Luc Simard, le président de l’organisme Un lac pour tous, se montre très prudent.
« Rio Tinto gère les niveaux du lac Saint-Jean selon le décret gouvernemental (NDLR : 2018-2027). On sait que les activités nautiques peuvent être perturbées. Il ne pleut pas beaucoup ces temps-ci et on espère des précipitations. On le voit ici aussi à Vauvert. On suit de près la situation », assure Luc Simard.