Chroniques

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Cultiver l'amitié

Serge Tremblay
Le 16 janvier 2024 — Modifié à 09 h 02 min le 16 janvier 2024
Par Serge Tremblay - Rédacteur en chef

Il y a quelques années, je suis tombé dans l’enfer de la drogue. Une drogue dure qui crée la dépendance. Je ne m’en suis pas encore relevé et je ne crois pas que j’y arriverai de toute façon, c’est peine perdue. Je suis devenu accro des jeux de société.

Attention, je ne parle pas du Monopoly ou du Jour de Paye, bien que ce dernier ait un certain cachet nostalgique. Je fais plutôt référence aux jeux de société modernes, faute d’un meilleur mot. Ceux qui ont des mécaniques de jeu plus complexes et des livrets de règles plutôt touffus.

Chaque semaine, ou presque, il y a une soirée de jeu à l’agenda. Avec ma copine et des amis, on se fait ce qu’on appelle en bon français « un petit board game » qui peut parfois durer quelques heures. Une belle soirée agrémentée d’un petit verre (ou davantage !).

On s’invente même de fausses rivalités. Je suis en conflit constant avecmon chum David. On se nuit mutuellement sur tous les fronts, même dans les jeux où il y a en principe très peu d’interaction entre joueurs. Quitte à prendre une action qui n’est pas optimale, juste parce qu’elle permet de désavantager son adversaire.

On joue à un jeu qui consiste à construire un zoo (Ark Nova pour les intéressés) et on arrive quand même à se faire des jambettes, c’est tout dire. Si on sort Eclipse (un jeu de conquête intergalactique), il est clair qu’on est en guerre même si on est à l’opposé sur la carte. On appelle ça amicalement faire preuve de « bellicisme accoté ».

Vous êtes bens désagréables, me direz-vous. Ça peut avoir l’air de ça, mais en réalité c’est très bon enfant (je suis zéro compétitif dans la vie) et ça fait partie du plaisir qu’on en retire. Il est clair, toutefois, qu’il ne faut pas être mauvais perdant. Nous avons mutuellement perdu plus d’une partie pour cause d’excès de bellicisme.

Bon nombre de jeux modernes sont aussi coopératifs, c’ est-à-dire que les joueurs sont en équipe contre le jeu lui-même. C’est plus accessible pour les joueurs moins expérimentés et il y a de sacrés bons jeux dans cette catégorie. Règle générale, ce sont mes favoris.

Où est-ce que je veux en venir avec mes histoires de jeux de société ? L’amitié, c’est acquis jusqu’à un certain point, mais ça se cultive. La vie étant ce qu’elle est, il est facile de dériver tranquillement, de ne pas avoir le temps, de remettre à plus tard, de moins se parler.

Le jeu de société en lui-même peut être vraiment agréable, mais il est surtout une bonne excuse pour trouver du temps et se voir. La soirée devient toujours le théâtre de mille et un apartés sur autant de sujets qui n’ont rien à voir avec le jeu, mais qui forment en réalité l’essentiel : cultiver l’amitié.

Dans un monde qui tend à nous isoler, qui met en place des conditions facilitantes pour que l’on soit seuls chacun derrière nos écrans, il faut savoir saisir les occasions. Cette bonne excuse qui vous conviendrait à vous et vos amis, quelle qu’elle soit, je vous souhaite de la trouver.
 

« Le jeu, c’est tout ce qu’on fait sans y être obligé. »
— Mark Twain

Chaque semaine, un membre de l’équipe de Trium Médias prend parole sur un sujet de son choix, c’est La Jasette de la gazette.

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